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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 11:10

LA POLITIQUE

 

(10/14)

 

Témoignage du lieutenant général Comte Alexandre-Louis-Robert de Girardin (1776-1855) laissé à ses amis M. et Mme Lépingleux-Deshayes et publié ultérieurement dans la " Revue Rose " du 15 août 1892, pp. 1-6, par leur fils, Albert, qui en fut l'un des animateurs (témoignage qui sera confirmé en 1908, à quelques détails près, par la Comtesse de la Poëze dans une lettre adressée à Mademoiselle Marguerite de la Tour du Pin - cf. Xavier de Roche dans son ouvrage Louis XVII, cité plus haut, p. 659) :

 

" Ce pauvre Comte de Chambord, c'est le plus brave homme du monde, mais au fond du cœur le plus à plaindre, car c'est un prétendant qui doute de ses droits et que l'honnêteté arrêtera toujours. Ce n'est jamais lui qui tentera un coup d'État et, quoi que puissent faire ses partisans, je doute fort qu'il tente rien pour monter sur le trône, si jamais un jour les événements le favorisaient, ce dont je doute ... ; mais, enfin, on ne peut jamais répondre de l'avenir ! L'Empire ou la République, n'est-ce pas ?

" - Non ! Henri V ne peut pas régner, parce qu'il sait une histoire mystérieuse, véritable légende qui peut faire pendant au mystère du Masque de fer. Cela vous intrigue, n'est-ce pas ? Eh bien ! entre nous, voici le fait ... mais gardez-en le secret ... qui m'a été bien recommandé à moi. Mais, je me connais, et j'ai refusé de donner ma parole ... Cependant, je n'en ai encore parlé à personne.

" Quand Louis XVI périt sur l'échafaud, il laissait deux enfants : le Duc de Normandie et la Duchesse d'Angoulème.

" Le premier passe pour être mort au Temple, en 1795. - La seconde, mariée du Duc d'Angoulème, fils du Roi Charles X, mourut à Gortz en 1851.

" Naundorff, qui avait déjà, lors de la Restauration, tenté de se faire reconnaître comme Louis XVII, essaya de nouveau sous la monarchie de juillet.

" La Duchesse d'Angoulème, qui avait été exilée avec son mari par le Roi Louis-Philippe, ne se sentait évidemment aucune sympathie pour les Orléans ; elle ne pouvait du reste, oublier que Philippe-Égalité avait voté la mort de son père.

" Avait-elle secrètement fait encourager les revendications de Naundorff, s'instituant Duc de Normandie ? Cela n'aurait absolument rien d'étonnant, mais ce qui est certain, c'est que, jusqu'à la mort de son mari, elle avait toujours refusé audience au prétendu Naundorff, qui avait maintes fois sollicité une entrevue avec celle qu'il qualifiait de sœur.

" La mort du Duc d'Angoulème, en 1844, laissa la Duchesse dans une profonde tristesse et un isolement qui lui rappelèrent cruellement sa jeunesse si malheureuse ... et la mort épouvantable des siens.

" Un doute naquit dans son esprit au sujet de son frère : était-il bien mort ? n'était-ce pas réellement ce Naundorff, que tous traitaient d'imposteur, et dont elle-même avait avec indignation repoussé les assertions ?

" L'idée lui vint de le voir sans se faire reconnaître.

" Elle s'arrangea pour cela de façon à se rencontrer avec Naundorfff chez une de ses amies, où elle se rendit en compagnie de deux de ses dames d'honneur.

" Naundorff, interrogé par la Duchesse qu'il n'avait jamais vue depuis le Temple, fit fort bonne impression, affirmant son identité et réclamant ses droits au trône.

" - Oui, Madame, déclara-t-il, je suis bien le Duc de Normandie, Louis XVII, et je puis vous affirmer que si je voyais ma sœur, la Duchesse d'Angoulème, qui n'a jamais voulu me recevoir en audience, je lui prouverais bien que je suis son frère.

 " - Mais enfin, Monsieur, fit la Duchesse anxieuse, toutes les preuves possibles ne les avez-vous pas fournies à l'opinion publique, et si votre sœur avait pu vous reconnaître, elle l'eut déjà fait ?

" - Non, Madame, répondit doucement Naundorff, je n'ai pas tout dit, et puisque vous paraissez vous intéresser à mon sort, je vais encore vous dire à vous quelle preuve indiscutable, je pourrais lui fournir.

" - J'écoute, dit la Duchesse très émue.

" - J'ai au sein une excroissance affectant la forme d'une fraise ... C'est déjà un signe particulier. Mais j'en ai deux autres plus importants. Le premier, provenant de l'inoculation du vaccin, affecte une forme particulière, car, vous le savez sans doute, Madame, les enfants de France étaient vaccinés à l'aide d'un instrument spécial ... Ma sœur, la Duchesse d'Angoulème, porte la même marque que moi.

" La Duchesse s'était penchée vers le narrateur, et, blême, écoutait, les yeux fixés dans ses yeux.

- Mon récit paraît vous intéresser vivement, continua Naundorff, et cependant vous m'êtes étrangère, vous que je vois pour la première fois ; vous devez penser combien ma sœur pourrait s'y intéresser, elle qui reconnaîtrait que je dis la vérité. Mais je continue.

" Le second signe m'est absolument particulier et personne ne peut l'imiter : je possède à la cuisse un dessin tracé par les veines fémorales et qui représente une colombe. Ce signe était connu à la Cour de mon père Louis XVI sous le nom de Saint-Esprit.

' A ces mots, la Duchesse s'évanouit ; ses dames d'honneur la transportèrent sur un lit, après avoir donné à Naundorff cette explication que l'horreur de son récit l'avait émue, à ce point de lui faire perdre connaissance.

" Maundorff sortit. À peine était-il hors du salon que les dames d'honneur dégrafèrent la Duchesse, afin de satisfaire leur curiosité : sur le bras gauche de la fille de Louis XVI, une cicatrice existait et, les dames l'ayant vivement tapotée, sous prétexte de rétablir la circulation du sang, ne tardèrent pas à voir apparaître distinctement la marque particulière aux Enfants de France.

" Et la Duchesse, dans le délire, criait en s'arrachant les cheveux : " C'est mon frère ! Ah ! la Raison d'État ! la Raison d'État ! "

" Avouer publiquement cette parenté, n'était-ce pas accuser ses deux oncles et son mari lui-même d'imposture ?  

" J'ignore si Naundorff a jamais su quelle était cette Dame que le récit de ses malheurs avait si vivement émue. Il est bien probable que le secret a été gardé à son égard.

" Voilà une histoire vraie que connaît le Comte de Chambord et qui donne fort à réfléchir à son honnêteté, car c'est un honnête homme avant que d'être un Prétendant. Je ne serais donc pas étonné de le voir mourir en exil plutôt que d'usurper un trône qui ne lui appartient pas."

 

Avec le Comte de Chambord, qui devait monter sur le trône, la royauté en France ne s’est-elle pas éteinte (a) ? Ne sommes-nous pas parvenus au temps de la la grande Apostasie avec la venue de l’Antéchrist décrite magistralement au IIe siècle par saint Irénée, évêque de Lyon, dans le Ve et dernier Livre de son traité « Contre les Hérésies » ?

 

  1. Cf. le Marquis de la Franquerie, « Le Caractère sacré et divin de la royauté en France », p. 191, aux Éditions du Chiré.

 

Témoignage de Mlle Marie Graux qui avait soigné à l'hospice des Incurables, de 1810 à 1815, la veuve Simon, qui fut la gouvernante des Enfants de France du 3 juillet 1793 au 19 janvier 1794 et l'épouse du gardien du Temple qui fut guillotiné le 10 thermidor an II (sans doute en savait-il trop sur l'évasion de Louis XVII, ainsi que son épouse que la République se contenta de déclarer folle - ce que les religieuses de Saint-Vincent-de-Paul infirmèrent catégoriquement (d) :

 

d) Xavier de Roche, Louis XVII, ouv. cité plus, haut, p. 192 :

 

« De 1810 à 1815, j'ai beaucoup connu, fréquenté et servi à l'hospice des incurables la femme Simon : je lui ai souvent entendu dire ce qu'elle disait à tout le monde, " que le Dauphin n'était pas mort, qu'elle avait contribué à le sauver, qu'elle était bien sûre qu'il existait et qu'on le reverrait un jour sur le trône " ; la Duchesse d'Angoulème est venue la voir : elle a été plusieurs fois conduite aux Tuileries ; une dernière fois elle a été enlevée dans un équipage, et quand elle fut revenue, elle disait à ceux qui lui parlaient du Prince : " Ne me parlez pas de ça, je ne puis plus rien dire ; il y va de ma vie ".

" J'ai appris de personnes respectables et encore vivantes qui avaient assisté la femme Simon à ses derniers moments qu'elle déclara, sur la demande qu'on lui en fit, " qu'étant prête à paraître devant Dieu qui allait la juger, elle maintenait et affirmait de nouveau tout ce qu'elle avait dit concernant le Dauphin, fils de Louis XVI ".

" (Signé) : Marie Graux, pensionnaire à l'hospice Larochefoucaud.

" (Ce témoignage est légalisé par M. Cadet, maire de Montrouge en 1848." 

 

Louis XVII et la Hollande, Delft du 9 au 11 août 1995, Album du Cent cinquantenaire, Annexes, pp. 19-20 : Le témoignage du général Van Moeurs, ancien ministre de la guerre des Pays-Bas, Institut Louis XVII, 3, rue des Moines, 75017 - Paris, Tél. : 42 28 61 00 (ou Internet, http://www.louis-xvii.com/) :

 

" À la requête de Monsieur le comte Gruau de la Barre demeurant à Bréda et de Madame la veuve de feu Monsieur Naundorff et ses enfants, demeurant à Bréda, je soussigné, Lieutenant Général Corneille Théodore van Moeurs, Aide de camp de Sa Majesté le Roi des Pays-Bas déclare que :

" Le 31 janvier 1845, étant alors Major d'Artillerie, Sous-Directeur des Arsenaux et Ateliers de Construction d'Artillerie à Delft, il fut invité au nom d'un personnage inconnu venu d'Angleterre et descendu à l'hôtel de St-Lucas à Rotterdam, de se rendre près de lui pour recevoir la communication de nouvelles inventions pour l'Artillerie, invitation à laquelle il a donné suite le 3 février suivant. Après un entretien de plus de trois heures, et après avoir reçu toutes les explications nécessaires de ce Monsieur, il en fit un rapport au Ministre de la Guerre à la Haye, lequel, en lui remettant ce rapport, lui disait que la personne avec qui il avait été en relation se nommait Naundorff et prétendait être le duc de Normandie, c'est-à-dire le fils de feu le Roi de France Louis XVI.

" Par suite du rapport susdit, Monsieur Naundorff fut invité par le Ministre de la Guerre de se rendre à Bréda pour soumettre ses inventions à un examen et aux épreuves qu'en ferait le Général Major Seelig, alors Gouverneur de l'Académie militaire de Bréda.

" Ces épreuves ont parfaitement réussi et répondu à l'attente qu'on en avait fait. Par suite, Monsieur Naundorff fut engagé par le Gouvernement de se fixer à Delft, où on lui procurerait les localités et tout ce qui serait nécessaire pour monter ses ateliers, afin de pouvoir exécuter successivement ses inventions et fabriquer en grande quantité les objets de guerre éprouvés à Bréda.

" D'après la convention passée entre le Gouvernement et Monsieur Naundorff, cet atelier ne pouvait être visité que par le Colonel Directeur et par le soussigné, alors Sous-Directeur des Arsenaux et Ateliers de Construction d'Artillerie à Delft.

" Par suite de ce contrat, il fut donc journellement en rapport avec ce Monsieur Naundorff. C'est dans ces entretiens journaliers que Monsieur Naundorff lui dit qu'il état le duc de Normandie, qu'on l'avait sauvé de la prison du Temple à Paris et que le procès-verbal qui relatait sa mort n'était qu'une pièce fausse, parce qu'on lui avait substitué un autre enfant maladif, lequel est décédé au Temple. Par ce commerce journalier et ses relations avec lui, il gagnait de plus en plus sa confiance, il lui communiqua différents détails de sa vie.

" Au commencement du mois de juillet 1845, Monsieur Naundorff a pris un coup de froid, lequel gagnait en peu de jours assez d'importance et le força de garder le lit ; pendant cette indisposition, il se tourmenta beaucoup d'être toujours séparé de sa famille, laquelle se trouvait encore à Londres. Le 19 juillet, Monsieur le comte de La Barre me pria de tâcher de lui procurer les moyens nécessaires pour pouvoir ramener la famille, car leur présence aurait certes une très bonne influence sur la santé du duc de Normandie. Quelques démarches faites dans ce but par le soussigné le lendemain eut pour résultat que Monsieur de La Barre pût partir immédiatement pour Londres. Pendant l'absence du Comte, la maladie du Prince empirait de jour en jour et lui donna de grandes inquiétudes ; il ne quittait plus le malade et le 1er août il envoyait un exprès au Ministre de la Guerre pour l'informer de l'état du noble patient en le priant de lui donner assistance du premier médecin de la garnison, lequel traiterait le malade de concert avec son médecin civil. Le Ministre m'envoyait de suite l'Inspecteur Général du service sanitaire de l'armée, lequel trouva le malade dans une fièvre typhoïde et donna l'ordre au médecin militaire de la garnison de soigner l'auguste malade. Le 4 août au soir toute la famille accompagnée du comte de La Barre est arrivée de Londres.

" De revoir sa famille, le soussigné espérait un bon résultat, mais hélas ! la maladie avait fait déjà trop de progrès et le pauvre Prince diminuait d'heure en heure ; il ne l'a plus quitté, jour et nuit il est resté auprès de lui et le 10 août, quart avant trois heures après-midi, le malheureux martyr fut par la mort délivré de ses souffrances.

" Toutes les relations que le Prince m'a fait de sa vie, ma présence continuelle dans sa chambre pendant sa maladie, m'ont mis à même de pouvoir bien observer toutes ses actions, toutes ses paroles. Eh bien !tout ce qu'il a entendu lui dire alors qu'il pensait haut dans ses nuits sans sommeil, tout ce qu'il a dit, même dans son délire et même peu avant sa mort, tous ces événements et la triste fin de cette vie de malheur sont pour lui autant des convictions que le nommé Naundorff était le duc de Normandie, le véritable Dauphin, fils de Louis XVI, martyr de la politique et de la haine de ses plus proches parents (e).

 

" En foi de quoi je signe cette déclaration :

 

Van Moeurs

Lt Général

La Haye, ce 24 juin 1872."

 

N.-B. Ce témoignage est trop précieux pour que l'on se permette d'y changer un mot ; aussi est-il à lire attentivement, parce que l'auteur, un Hollandais, n'a pas toujours su appliquer à l'expression de sa pensée les règles d'une syntaxe bien rigoureuse. [Nous posons la question : est-il possible qu'un homme mortellement atteint par la maladie, pensant tout haut dans ses nuits sans sommeil et parfois même en délirant, puisse mentir jusqu'au terme fatal de sa vie ?]

 

e) Louis XVII - Des Documents... Des Faits... Des Certitudes, Xavier de Roche, ouvrage cité plus haut, page 801 :

 

Le délire du roi Louis XVII dura six jours et, selon ses médecins, ses pensées " s'arrêtaient principalement sur son malheureux père Louis XVI, sur le spectacle effroyable de la guillotine ; ou il joignait les mains pour prier et demander de bientôt rejoindre au Ciel son royal père ", répétant souvent : " Je m'en vais chez mon Père céleste, et Il me couronnera... Pauvres enfants ! Vous n'avez plus de nom ; vous êtes retombés dans les ténèbres. Mon Dieu prenez-moi en grâce... Depuis qu'ils ont coupé la tête à mon père, il n'y a eu pour moi qu'obscurité ".

 

Id., Ibid., p. 21 : 

 

TRADUCTION DU CONTRAT DU 7 JANVIER 1846

ENTRE GUILLAUME II ET CHARLES-EDOUARD DE BOURBON

 

Nous GUILLAUME II, par la grâce de Dieu, roi des Pays-Bas, prince d'Orange-Nassau, grand-duc du Luxembourg, etc.

Vu notre décision d'aujourd'hui : n° 316 KOK, par laquelle est ordonnée de créer un atelier pyrotechnique auprès de la direction de l'Artillerie, des magasins de Réserve et de Construction.

Sur la demande de notre ministre de la guerre, du 7 de ce mois, cabinet L a E, ont été approuvés et fait comprendre :

 

- qu'il faut nommer comme directeur de l'Atelier de Pyrotechnique nommé ci-dessus, monsieur CHARLES EDOUARD de BOURBON et qui recevra une rente annuelle de quinze mille florins (f), comme honoraires pendant les deux premières années, en commençant le 7 de ce mois, après que soient passées les deux années dont on parlait juste avant.

Ce versement annuel sera réglé par nous tous les ans, nous basant sur les articles 3 et 8 de notre décision du 26 septembre, n° 270 K d K, avec l'ayant droit prénommé.

Notre ministre de la Guerre sera chargé de cette exécution dont copie sera envoyée à la Chambre Générale des Comptes pour information.

 

La Haye, le 7 janvier 1845

 

Guillaume

 

Le ministre de la Guerre

 

List

 

f) Il faut savoir qu'un ministre néerlandais de l'époque gagnait 9.000 florins par an, - somme qui, nous le voyons, ne peut être attribuée à un inconnu ou au premier venu.

 

Ibid., p. 16 :

 

" Le 12 mars 1888, à la demande de la veuve de Charles-Edmond de Bourbon, née Christina Schoenlau, le procureur général de Bois-le-Duc (port des Pays-Bas), et le 20 mai 1891, celui du tribunal de Maëstricht, proposent à ces juridictions de rectifier tous les actes d'état civil hollandais comportant le nom de " Naundorff " : ces hautes magistrats fondent leurs réquisitions sur le motif suivant :

 

" Considérant que toutes ces prétentions sont fondées au nom des membres de la famille de Bourbon, de descendre du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, roi de France, établi en cette contrée, peuvent être considérées comme un fait historique prouvé.

" A la suite de ces réquisitions, les deux tribunaux, aux dates susvisées, rendent les jugements conformes, en vertu desquels le nom de " Naundorff " est partout rectifié en " de BOURBON "."

 

Témoignage de Madame de Rambaud, ancienne femme de chambre attachée au berceau du Dauphin, lettre du 15 décembre 1834 (g). (Plaidoirie dans l'affaire Louis XVII, Jules Favre, Paris, Le Chevalier, 1874, pp. 73-76 ; Xavier de Roche, Louis XVII, ouv. cité plus haut, pp. 587-588) :

 

g) Plaidoirie dans l'affaire Louis XVII, Jules Favre, Paris, Le Chevalier, 1874, pp. 73-76 ; Xavier de Roche, Louis XVII, ouv. cité plus haut, pp. 587-588 :

 

" 15 décembre 1834.

" Dans le cas où je viendrais à mourir avant la reconnaissance du Prince, fils de Louis XVII et de Marie-Antoinette, je crois devoir affirmer ici par serment, devant Dieu et devant les hommes, que j'ai retrouvé, le 17 août 1833, Monseigneur, Duc de Normandie, auquel j'eus l'honneur d'être attachée depuis le jour de sa naissance jusqu'au 10 août 1792, et comme il était de mon devoir d'en donner à S.A.R. Madame la Duchesse d'Angoulème, je Lui écrivis dans le courant de la même année. Je joins ici la copie de ma lettre.

" Les remarques que j'avais faites dans son enfance sur sa personne ne pouvaient me laisser aucun doute sur son identité partout où je l'eusse retrouvé. Le Prince avait, dans son enfance, le col court et ridé d'une manière extraordinaire. J'avais toujours dit que si jamais je le retrouvais, ce serait un indice irrécusable pour moi. D'après son embonpoint, son col ayant pris une forte dimension est resté tel qu'il était, aussi flexible. Sa tête était forte, son front large et découvert, ses yeux bleus, ses sourcils arqués, ses cheveux d'un blond cendré, bouclant naturellement. Il avait la même bouche que la Reine et portait une petite fossette au menton. Sa poitrine était élevée ; j'y ai reconnu plusieurs signes alors très peu saillants et un particulièrement au sein droit. La taille était très cambrée et sa démarche remarquable. C'est enfin identiquement le même personnage que j'ai revu, à l'âge près.

" Le Prince fut inoculé au château de Saint-Cloud, à l'âge de deux ans et quatre mois (en réalité, trois ans, un mois et dix-huit jours), en présence de la Reine, par le docteur Joubertou, inoculateur des Enfants de France, et de la Faculté, les docteurs Brunier et Loustonneau. L'inoculation eut lieu pendant son sommeil, entre dix et onze heures du soir, pour prévenir une irritation qui aurait pu donner à l'Enfant des convulsions, ce qu'on craignait toujours. Témoin de cette inoculation, j'affirme aujourd'hui que ce sont les mêmes marques que j'ai retrouvées, auxquelles on donna la forme d'un triangle.

" Enfin j'avais conservé, comme une chose d'un grand prix pour moi, un habit bleu que le Prince n'avait porté qu'une fois. Je le lui présentai en lui disant, pour voir s'il se tromperait, qu'il l'avait porté à Paris. - " Non, Madame, je ne l'ai porté qu'à Versailles, à telle époque."

" Nous avons fait ensemble des échanges de souvenirs, qui, seuls, auraient été pour moi une preuve irrécusable que le Prince actuel est véritablement ce qu'il dit être : l'Orphelin du Temple.

 

" Mt., veuve de Rambaud,

 

" Attachée au service du Dauphin, Duc de Normandie,

" Depuis le jour de sa naissance jusqu'au 10 août 1792."

 

Testament de M. Ferdinand Geoffroy qui corrobore et complète le témoignage de Mme de Rambaud, ancien secrétaire comptable aux Pages de Charles X, ancien secrétaire des Deux-Sèvres, avocat (Légitimité, 1884, p. 179 ; Xavier de Roche, Louis XVII, ouv. cité plus haut, p. 588) :

 

" [...] Tandis que le Prince contemple à nouveau le portrait de la Reine, elle (Mme de Rambaud) reprend : " Lorsqu'on refusa de m'admettre au Temple, je voulus garder un souvenir de mon Cher Enfant. Voici un petit habit qu'on lui donna à l'occasion d'une fête aux Tuileries. Voyez si vous le reconnaissez ". Apercevant l'habit bleu de ciel, larges boutons à queue de moineau et brodé en feuillages, le Prince dit vivement : " Mais vous vous trompez, ce n'est pas à Paris. C'était à Versailles, dans une petite assemblée, et je n'ai pas voulu le porter, car il me gênait ". A ce mot, Mme de Rambaud n'y tient plus. Elle se lève précipitamment et se prosterne appuyée sur les genoux du Prince. " O mon Dieu ! mon Dieu ! c'était à Versailles, et vous ne vouliez plus le porter ". Le bonheur des trois personnes était indescriptible : joie bien rare sur cette terre."

 

Témoignage de M. Marcoux, ancien huissier de la chapelle du Roi, archives des Bourbons de Hollande, " Dossier d'un grand procès ", pp. 91-94 (cf. Xavier de Roche in Louis XVII, ouv. cité plus haut, pp.599-601) :  

 

" Je, soussigné, déclare que les faits relatés ci-après sont de la plus rigoureuse exactitude :

 

" Je connaissais Mme la Comtesse de Mauvoir qui, si je ne me trompe, demeurait dans la rue des Augustins, à Paris. Ayant eu l'occasion de la voir, à une date que je ne saurais préciser aujourd'hui je lui parlais de ma conviction et de mes rapports avec le duc de Normandie (Louis XVII ou le pseudo Naundorff). Elle fut fort étonnée de mon langage et me déclara qu'elle ne pouvait partager mes sentiments. Nous nous vîmes plusieurs fois; je lui donnais tous les renseignements qui parvenaient à ma connaissance. Tous ces détails excitaient vivement son émotion, et elle finit par me dire : " serait-il bien possible que le Prince ne fût pas mort ? J'avoue que ce que vous me dites me porte à croire que vous avez raison d'y croire ". Et elle fondait en larmes en me faisant cet aveu. " J'en atteste Dieu ! madame, lui répondis-je ; le fils de Louis XVI existe ."

" Alors elle me dit : " Je connais M. de Joly, ministre de la justice sous Louis XVI : peut-être pourrait-il appuyer les réclamations du Prince et concourir à le faire reconnaître. Je lui en parlerai ".

" Quelque temps après, Mme de Mauvoir me rapporta qu'elle avait vu M. de Joly ; qu'elle lui avait parlé du duc de Normandie ; que la conversation avait été fort animée, et que ce ministre lui avait dit avec une grande colère : " Comment! vous aussi, Madame, vous voulez proclamer dans la société une erreur déplorable, pour diviser le parti légitimiste, quand tout le monde sait que le fils de Louis XVI est malheureusement bien mort ? Envoyez-moi l'homme qui vous égare, et je l'aurai bientôt détrompé ".  

" Quel fut mon étonnement lorsque Mme la Comtesse me fit part de cette conversation ! J'habitais Versailles ; avant de retourner chez moi, je me présentai aussitôt à la demeure de M. de Joly. Ce fut lui qui me reçut. Ne le connaissant pas, je lui demandai si je ne pourrais pas parler à M. de Joly. " C'est moi, monsieur, me répondit-il ; que me voulez-vous ? " Je m'annonçai comme venant de la part de Mme la Comtesse de Mauvoir : il me fit entrer dans son cabinet et renvoya son secrétaire. Quand nous fûmes seuls, il me dit : " Mme de Mauvoir m'a assuré que vous croyiez à l'existence du fils de Louis XVI , - C'est vrai, monsieur, répliquai-je. - Mais, ajouta-t-il, on ne peut pas sans démence croire à pareille chose. Personne ne doute de la mort du Dauphin. J'ai de nombreux fragments d'histoire de divers auteurs qui ont écrit l'histoire de la Révolution, et tous prouvent qu'il est mort. - Ils n'ont pas plus que moi été témoins de son décès, répartis-je ; ils ont écrit sur des on-dit." Je ne puis reproduire en détail toutes les particularités de notre entretien. Je lui racontai tous les faits dont j'étayais ma croyance. Il insista pour me démontrer que j'étais la dupe d'une intrigue qui avait pour but de semer la division dans le parti légitimiste.

" Je lui répondis que si j'étais dans l'erreur, c'était de la meilleure foi du monde ; que s'il pouvait m'en convaincre, je ne résisterais pas à l'évidence. La discussion que nous eûmes ensemble nous laissa chacun dans notre opinion, et nous nous quittâmes brusquement, probablement, pensais-je, pour ne plus nous revoir.

" Je fus donc excessivement surpris lorsque, dans un nouveau voyage à Paris, au bout de quelque temps, ayant revu Mme de Mauvoir, elle me prévint que M. de Joly désirait encore causer avec moi, pour me prouver jusqu'à l'évidence que j'étais dans l'erreur en croyant que le fils de Louis XVI était vivant. Je lui répondis que je ne demandais pas mieux que d'être éclairé et que j'irai chez M. de Joly. Quand il me vit, il me dit : " Je vous ai fait prier de venir, parce que vous me semblez de bonne foi, et je veux vous désabuser. Pourrais-je voir votre prétendu Prince ? " Sur ma réponse affirmative et l'assurance que je lui donnai que le Prince recevait tout le monde, et particulièrement les Français, il fut convenu que j'irais m'informer si le personnage était visible ce jour-là même et à quelle heure. M'étant rendu chez le Prince, il fut enchanté de savoir qu'il allait se trouver en présence d'un ancien ministre de Louis XVI, et me dit de le lui amener à quatre heures, ajoutant : " Vous serez présent à l'entrevue ; je veux que vous soyiez témoin de ce qui va se passer ".

 " Un instant après, il se présenta accompagné de quelques personnes dont j'ai oublié le nom. Je me lève et j'annonce le Prince à M. de Joly. Il se lève et regarde attentivement le personnage qui s'avançait vers lui, et lui dit : " On m'a informé que vous aviez servi mon père, mon ami ? " Le Prince qualifiait ainsi du nom d'ami toutes les personnes qui l'abordaient. M; de Joly lui répondit : " C'est possible, monsieur ". Le Prince lui dit de s'asseoir et s'assit lui-même en face de lui. Aussitôt la conversation s'engagea sur le fait de l'existence du fils de Louis XVI. Afin de s'assurer si le personnage avait des souvenirs exacts sur des faits que sa mémoire avait pu conserver, M; de Joly prenait à tâche de lui en signaler, en les rapportant tous à rebours de la vérité. Mais le Prince le contredisait aussitôt en rectifiant les erreurs volontaires du ministre. Je ne me rappelle pas précisément aujourd'hui, avec détail, toutes les circonstances de cette intéressante entrevue, dont le résultat fut tout à l'avantage du Prince. Il me parut que ses souvenirs ne lui faisaient pas défaut, car M. de Joly les écouta attentivement et ne fit pas la moindre réflexion.

" Il fut particulièrement question du transfert de la famille royale des Tuileries à l'Assemblée nationale. Je me rappelle parfaitement que M. de Joly expliqua au Prince intentionnellement contre la vérité, comment la salle était éclairée, et que le Prince lui répondit aussitôt : " Vous vous trompez, je me souviens qu'il y avait de grandes fenêtres ". Je crois même, sans être trop sûr, qu'il ajouta qu'elles étaient grillées : je n'ai point non plus oublié que M. de Joly lui dit ensuite : " Vous vous êtes presque toujours promené ", et que le Prince lui répliqua : " Non, mon ami, j'étais sur les genoux de ma mère ; je m'y suis même endormi ". Enfin, j'ai encore la certitude que M. de Joly dit : " Vous avez demandé un morceau de pain à manger " ; et que le Prince lui répondit : " Je ne me rappelle pas avoir tenu ce propos ; mais je sais que je me suis plaint de la faim et que j'ai mangé de la soupe ".

" M. de Joly, en se retirant, dit au Prince : " J'ignore qui vous êtes ; tout ce que je puis attester, c'est que vous ressemblez à une personne [Louis XVI] que j'ai bien connue ". - " Parce que je suis la vérité ", répliqua le Prince. - " Ce n'est pas là toujours une raison, répartit M. de Joly ; car j'ai trois enfants, dont deux me ressemblent beaucoup, et l'autre ne me ressemble pas : quoique je crois en être le père."

" Ce fut un lundi que cela se passait (en 1835, antérieurement au 25 août). C'est de cette manière que la conversation s'était longtemps prolongée entre les deux interlocuteurs. On se donna rendez-vous pour le mercredi suivant. Je n'assistai pas à cette conférence. Ayant reconduit M. de Joly chez lui, je lui demandai : " Franchement, que pensez-vous du personnage, que vous venez de voir ? - Je ne suis pas convaincu, me répondit-il, mais ce que je puis vous dire, c'est qu'il a le verbe, les gestes et la démarche de Louis XVI, et ce sont de ces choses qui ne s'imitent pas. - Eh bien, lui dis-je, vous me faites plaisir de me dire cela ".

" Nous nous quittâmes avec promesse de nous revoir. Peu de temps après, étant allé à Paris, je fus voir M. de Joly. Quelle fut ma surprise quand, lui ayant demandé s'il avait revu le Prince, il me répondit : " Oui, et c'est bien le fils de Louis XVI ". Et moi je lui répondis ironiquement : " Comment, monsieur de Joly, et vous aussi vous voulez diviser le parti légitimiste ? - Ah ! me répondit-il, vous avez le droit de rire de moi ; car si je n'avais pas entendu de mes oreilles et vu de mes yeux, je n'aurais jamais cru. Mais maintenant, rien au monde ne pourrait détruire, dans mon esprit, son identité avec le fils de Louis XVI ; car tout ce qu'il m'a dit était à ma connaissance, et ne pouvait être su que du Dauphin et de moi ".

" J'ai lu cette déclaration, dictée par moi, et en tout véritable. (Signé) Marcoux, ancien huissier de la Chapelle du Palais et honoraire de la Chambre du Roi, demeurant à Versailles, rue des Hôtels, n° 1."

 

En 1879, l'abbé Henry Dupuy publia un ouvrage intitulé " La Survivance du Roi-Martyr " qu'il soumit à la censure romaine sur lequel celle-ci se prononça dans les termes suivants :

 

" Le soussigné, ayant reçu le mandat d'examiner l'ouvrage intitulé " La Survivance du Roi-Martyr ", par un Ami de la Vérité, déclare qu'après l'avoir lu attentivement, il n'y a rien trouvé de contraire à la foi et aux bonnes mœurs. Il en recommande vivement la lecture.

 

Rome, le 23 décembre 1879,

 

P. Pie Carullo,

Docteur en Théologie et curé de Sainte-Dorothée."

 

Le 27 mai 1881, l'auteur de cet ouvrage, qui eut beaucoup de succès dans les milieux romains, reçut une lettre élogieuse de Mgr Giuseppe Pennacchi, consulteur de la Sacrée Congrégation de l'Index, lui écrivant :

 

" Je réponds un peu tard parce qu'auparavant j'ai voulu lire le livre " La Survivance ", que j'ai parcouru très vite, mais en entier, avec à la fois une grande tristesse d'âme et aussi une grande joie.

" Bien que j'avais déjà entendu dire que le Dauphin s'était évadé du Temple, les documents me faisaient cependant défaut pour prouver cette évasion.

" Je vous remercie infiniment, car par l'envoi de ce livre vous m'avez rendu certain de ce fait.

" Depuis 1865, je suis professeur d'histoire ecclésiastique : jusqu'en 1870, à l'Université Romaine, et maintenant, grâce à Léon XIII, au Séminaire Romain de Saint-Apollinaire.

" Vous me concéderez ainsi très facilement que je connais un tant soit peu la réalité et la force probante des documents historiques, ainsi que les critères qui enseignent à discerner la vérité historique.

" Voici donc mon jugement :

 

" 1° ) Ou bien les documents allégués dans le livre sont apocryphes et doivent donc être rejetés.

 

" 2° ) Ou bien, si on les admet, Charles-Guillaume Naundorff est bien Charles-Louis, fils du Roi de France Louis XVII.

 

" Je ne vois pas avec quels arguments on pourrait défendre le premier terme de cette alternative : il reste donc à admettre le second.

" Fasse Dieu que les Français rendent aux fils de ce si malheureux Prince [naturellement roi !] la justice qu'ils dénièrent à leur père.

" Je l'avoue : la politique d'aujourd'hui est une fontaine d'iniquités, mais je ne savais pas à quel point elle pouvait être inique.

" Il est vrai que, comme Dieu enlève l'esprit à ceux qu'il veut perdre, les adversaires de ce Prince si infortuné ont prouvé son origine royale par leurs propres persécutions.

" Plaçons en Dieu notre Espérance afin que nous puissions chanter un jour : " Tout ceci a été permis par le Seigneur, pour qu'un miracle éclate devant nos yeux ".

" Mais, dites-moi : n'y-a-t-il personne en France pour suggérer au Comte de Chambord de porter au moins secours à cette pauvre famille et de lui restituer ce qu'il retient ?..." (Légitimité, 1883, pp. 35-35.- Lettre citée par Xavier de Roche dans son ouvrage : " Louis XVII ", page 803, cité plus haut.)

 

La réponse de la Bergère de la Salette :

 

 

Journal de l'Abbé Gilbert Combe, Curé de Diou (Allier), Dernières années de Sœur Marie de la Croix (1899 - 1904), Bergère de la Salette, Editions Saint-Michel, 1967, pages 176-177 :

 

" Jeudi 25 mai 1903. - [...] Pour la deuxième fois, elle aborde la question des Naundorff, mais cette fois-ci elle l'aborde d'une façon peu banale.

 

" - Mon Père, vous savez qu'il n'y a pas de famille d'Orléans ? que les princes d'Orléans ne sont pas des Bourbons ?

" - Comment peut-on savoir avec certitude ? Vous voulez parler de l'affaire Chiappini ?

" - Vous savez pourtant ce qui s'est passé !

" - Je sais ce qu'on raconte avec documents à l'appui, mais il faudrait davantage pour que je dise, c'est certain ! Savez-vous par révélations que cet échange d'enfants eut lieu ? [1] Répondez sans détour.

" - Oui, mon Père, vous savez, reprit-elle, que la famille Naundorff descend de Louis XVII.

" - Je vous fais la même réponse, je n'en ai pas la certitude absolue. Dieu vous l'a-t-il révélé ?

" - L'Histoire suffit, mon Père, pour vous convaincre sans recourir à une révélation.

" - Il peut y avoir des dessous que j'ignore. Répondez donc à ma question. Votre " Frère " [Jésus lui-même] vous a-t-il dit qu'ils descendent de Louis XVII ?

" - Oui, mon Père.

" - Me permettez-vous de faire connaître votre réponse à leurs partisans ?

" - Pas maintenant, mais après sa mort.

" - Monteront-ils sur le trône ?

" Elle a refusé de répondre. En vain j'ai tourné autour de la question pour deviner sa pensée ; elle a échappé à mes ruses ; je n'ai obtenu d'elle qu'un peut-être. Elle m'a laissé ignorer si les Bourbons sont définitivement rejetés ou s'ils le sont conditionnellement. Elle semble reprocher à la famille de ne pas se convertir sincèrement au catholicisme sans aucun motif politique (voir ses lettres).

" - Je crois pourtant ma Sœur, que vous avez encouragé la princesse Amélie [fille de Louis XVII, 1819-1891]à espérer.

" - Non, mon Père. J'ai reproché à la famille [Naundorff descendant de Louis XVII] de se convertir dans le but de remonter sur le trône. Ce motif ne plaît pas à Dieu.

" - Alors si l'héritier, l'aîné de la famille était un très bon chrétien, Dieu pourrait lui rendre le royaume de ses Pères ?

" - Peut-être (elle a positivement refusé de dire OUI)."

 

Marquis de la Franquerie, Le caractère sacré et divin de la royauté en France,  Éditions de Chiré, Diffusuion de la Pensée Française, 1978, Appendice V :

 

A propos des prétentions des Orléans à la couronne de France, pp. 165-166.- Cet ouvrage nous apprend que Philippe-Egalité, le régicide partisan de la Révolution française, sous le nom de comte de Joinville, échangea son premier enfant né de la princesse Maria Stella Newborough contre le fils du geôlier italien Lorenzo Chiappini qui devint Louis-Philippe Ier, échange qui fut confirmé par le jugement de la Cour ecclésiastique de Faenza de 1824 validé par les accords bilatéraux franco-italiens 03/06/1930 et 12/01/1955 (cf. L'Histoire du Roi Chiappini et de Maria Stella Newborough, Docteur Renato Zanelli, trad. fr. par la comtesse Marthe de Digoine du Palais, Ed. Méridionales, Nimes, 1934).

 

Il n'appartient pas à Dieu de satisfaire notre pure curiosité. Ne Le tentons pas ! Faisons notre devoir et le reste suivra. - Cf. l'admirable et incomparable ouvrage du Marquis de la Franquerie intitulé " Ascendances Davidiques des Rois de France ", ouvrage cité plus haut, où l'on voit que les Saintes Ecritures soutiennent la pérennité de la race de David jusqu'à la consommation des siècles pour assurer la succession des rois de France qui sont les seuls à être sacrés et à descendre de David ou de la maison royale de Juda par ordre de primogéniture mâle, le sceptre religieux ou la grande prêtrise n'appartenant qu'au seul successeur de Pierre et ne reposant également que sur les mâles conformément à la Parole de Dieu. Et que les traditionalistes ne prennent pas Sœur Marie de la Croix ou Mélanie de la Salette pour une menteuse et mettent leur foi en accord avec leur vie ! N'oublions pas ce qu'écrivit l'abbé Gouin dans son ouvrage intitulé " Sœur Marie de la Croix , Bergère de la Salette " : " Mélanie est élevée à l'un des plus hauts degrés de la contemplation infuse. Elle vit la vie d'union divine."  Une âme, dans un tel état de vie spirituelle, peut-elle mentir ? Soyons donc logiques avec notre foi et ayons le courage de lui donner de la consistance.

 

Lettre du 14 février 1907 de l'abbé Hector Rigaux à l'abbé Emile Combe relatant sa conversation avec Mélanie de La Salette relative au rôle politique de la France dans le plan de Dieu à la lumière des actes et des paroles prophétiques de sainte Jeanne d'Arc :

 

" Le ton avec lequel elle [Sœur Marie de la Croix ou Mélanie de La Salette] me disait : " la France " me fit soupçonner un autre mystère. Je lui dis : " Ma chère enfant, je sais que Jésus donna autrefois la France à Jeanne d'Arc. Le roi Charles VII émerveillé des gestes de la sainte Pucelle, lui avait donné la France. Jeanne accepta cette donation signée du roi. Elle s'en fut l'offrir à son tour à Jésus et à Marie qui acceptèrent..."

" - Il me l'a donnée aussi, mon père, répondit-elle.

" - Alors, ma chère enfant, votre France vous est devenue odieuse, puisque vous dites que vous retrournerez en Italie pour y mourir ? "

Elle pleura et dit : " Oh non ! Je l'aime ! Je voudrais mourir mille fois pour elle, mon cœur lui appartient ".

" Voilà la substance exacte de notre conversation."

 

Lettre n° 67 de Mélanie de La Salette du 12 juin 1895 à Mlle Vernet :

 

" Ordinairement je vais à la messe de quatre heures. Ce matin, voulant autant que possible me rapprocher en union avec mes amis de Paris, je suis allée à la dernière messe qui se dit à huit heures ; et la communion, comme de juste, je l'ai faite en action de grâces pour l'heureuse évasion du Dauphin Louis XVII."

 

Marquis de la Franquerie, Ascendances Davidiques des Rois de France et leur parenté avec Notre Seigneur Jésus-Christ, la Très Sainte Vierge Marie et Saint Joseph, ouvrage cité plus haut, Avant-propos, pp. 13-14 : Lettre du 6 novembre 1972 d'un religieux, " l'un des confidents et secrétaire à l'occasion du Padre Pio " :

 

" Padre Pio savait que la France cache un pouvoir qui se révélera à l'heure établie (c'est-à-dire à l'heure de Dieu)... Dans le monde manque le pouvoir royal que Dieu a caché en ces temps de folie. Le pouvoir royal seulement, celui que Dieu donna à David, est capable de régir le gouvernement des peuples. Sans le pouvoir royal de David, reconnu et mis à sa juste place, me disait le Padre Pio, la religion chrétienne n'a pas le soutien indispensable sur lequel appuyer la Vérité de la parole de Dieu. La folie des hommes a été de tenter de tuer la royauté ; le monde le paye encore aujourd'hui, car sans le véritable Roi promis par Dieu parmi les descendants de David, le pouvoir de Dieu ne réside plus dans le cœur des chefs d'Etat et des ministres. Mais Satan tire avantage à remplacer le pouvoir royal du David vivant. Que le malheur du monde sera grand avant que les hommes puissent comprendre cette vérité. La vérité est aujourd'hui dans le cœur de peu d'hommes élus et cachés, mais, dans ces hommes, il y a tous les pouvoirs du Dieu vivant qui veut et peut détruire tous les usurpateurs des pouvoirs véritables..."

 

Abbé Augustin Barruel (1741 - 1820), Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, Diffusion de la Pensée Française, 1973, Tome I, pages 513, 514, 515 et 516 :

 

Philippe, duc d'Orléans, chef des conjurés.

 

 

" Tels étaient les progrès de la double conspiration, aux approches des états généraux. Les sophistes souterrains des francs-maçons et les sophistes apparents du club d'Holbach reconnurent qu'il ne leur manquait plus qu'un chef pour le mettre en avant et se couvrir de son égide. Il le fallait puissant, pour appuyer tous les forfaits qu'ils avaient à commettre ; il le fallait atroce pour qu'il s'effrayât peu du nombre de victimes que devaient entraîner tous ces forfaits. Il lui fallait, non pas le génie de Cromwell, mais tous ses vices. Les conjurés trouvèrent Philippe d'Orléans ; l'ange exterminateur l'avait pétri pour eux.

" Philippe avait lui-même sa conspiration comme ils avaient la leur. Plus méchant qu'ambitieux, il eût voulu régner ; mais, pareil au démon qui veut au moins des ruines s'il ne peut s'exalter, Philippe avait juré de s'asseoir sur le trône ou de le renverser, dît-il se trouver écrasé par sa chute. [...] Une jeunesse passée dans la débauche avait blasé son cœur ; tout, jusque dans ses jeux, trahissait la bassesse de son âme. L'artifice venait y suppléer à la fortune, pour ajouter à ses trésors. [...] Ce monstre était le chef que l'enfer préparait aux conjurés.

" [...] Pour la première fois, Louis XVI avait pu se résoudre à lui donner des preuves de son ressentiment. Il l'avait exilé dans son château de Villers-Cotterêts ; ce fut là l'étincelle qui alluma dans le cœur de Philippe d'Orléans tous les feux de la vengeance. Il haïssait déjà Louis XVI parce qu'il était roi : il haïssait Marie-Antoinette, parce qu'elle était reine ; il jura de les perdre ; il jura dans les transports de la rage et de la frénésie. Le calme ne revint dans son cœur, que pour méditer les moyens de remplir son serment. [...]

" [...] Les démons sont bientôt tous amis, quand il s'agit de nuire. [...] Au moins est-il certain que vers ce temps-là le comité des frères l'avait connu assez atroce pour l'admettre aux dernières épreuves. Celle qui lui offrit dans l'antre des Kadosh un roi à poignarder, fut pour lui un essai voluptueux. Philippe, en prononçant ces paroles haine au culte, haine aux rois, conçut tout ce que ce serment devait mettre d'obstacle à ses vues ultérieures sur le trône de Louis XVI, mais il voulait surtout être vengé ; il avait dit : Je le serai, dussé-je y dépenser ma fortune, y perdre la vie même. [...]

" En prononçant ce vœu, une carrière immense de forfaits s'était ouverte devant lui ; pas un seul ne l'effraya. Il lui tardait de la parcourir tout entière. Un aveu de Brissot nous apprend que Philippe s'y fût lancé dès ce moment, mais qu'il crut voir la Cour encore trop forte, et ne partit alors pour l'Angleterre que pour laisser à la révolution le temps de se mûrir. (J'ai trouvé cet aveu dans les mémoires de M. le marquis de Beaupoil, qui l'avait entendu de la bouche de Brissot même.)

" [...] Les loges ténébreuses de la maçonnerie, les antiques mystères de l'esclave Curbique n'avaient servi d'asile aux enfants de Voltaire et de Diderot que pour y fomenter plus secrètement toute cette haine et du Christ et des rois. [...] L'affreuse propagande avait et ses trésors et ses apôtres ; le comité Central, le comité Régulateur avaient leurs secrètes intelligences, leur conseil et leur chef ; toutes les forces de la rébellion et de l'impiété étaient organisées. [...]

" Sous le nom d'illuminés, était venue se joindre aux encyclopédistes et aux maçons une hordes de conjurés, plus ténébreuse encore, plus habile dans l'art de tramer les complots, plus vaste en ses projets dévastateurs ; creusant plus sourdement et plus profondément les mines des volcans ; ne jurant plus la haine ou des autels chrétiens, ou des trônes des rois, jurant tout à la fois la haine de tout Dieu, de toute loi, de tout gouvernement, de toute société, de tout pacte social, proscrivant le mien et le tien, ne connaissant d'égalité, de liberté que sur la ruine entière, absolue, générale, universelle de toute propriété.

" Qu'il ait pu exister une pareille secte, qu'elle ait pu devenir puissante, redoutable ; qu'elle existe de nos jours [et plus que jamais en l'an 2002], et qu'à elle soit dû le pire des fléaux révolutionnaires, c'est sans doute ce qui, pour mériter la foi de nos lecteurs, exigera toutes les preuves de l'évidence même. Elle seront l'objet du troisième volume de ces Mémoires."

 

L'actuel roi de droit va-t-il régner ou n'est-il pas réellement le roi de droit bien que descendant de Louis XVI ?

 

Il est difficile de répondre catégoriquement à cette question par l'affirmative, car des prophéties dues à des mystiques célèbres dont la piété et les vertus héroïques ne semblent pas contestables font allusion à un Grand Monarque qui détruira l'empire de Mahomet ou des Turcs et dont le " chemin de sa venue sera miraculeux comme le reste de sa vie " (1). Il faut cependant être extrêmement prudent sur le sujet, car ces prophéties ne tiennent pas toutes le même langage et certaines même se contredisent. Toujours conscient de notre profonde misère et de notre propre néant et ne nous déterminant ni dans un sens ni dans un autre, nous nous abandonnerons donc sans réserve aux décrets ou aux ordres de la divine Providence en marchant constamment en présence de Dieu avec la seule foi pour compagne et en pratiquant, à chaque instant, nos devoirs journaliers et les actions de notre état (2) A.M.D.G. Que Dieu nous en donne continuellement la grâce par les seuls mérites de son divin Fils unique Jésus-Christ, notre Sauveur, notre Rédempteur et notre Créateur!

 

1) Cf. Les Prophéties de La Fraudais de Marie-Julie Jahenny, Ed. Résiac, 2001 ; Le Ciel en colloque avec Marie-Julie Jahenny, Pierre Roberdel, Ed. Résiac, 1982 ; Michel Morin, Le Grand Monarque, Louise Courteau, éditrice inc., Quebec, 1995.

 

2) Cf. Jean-Pierre de Caussade, S.J., L'Abandon à la Providence divine, Desclée De Bouwer, 1966 ; et ses Lettres Spirituelles en 2 vol., même éditeur, 1962.

 

Louis Bassette, Le fait de La Salette (1846-1854),  Éd. Du Cerf, 1955, page 406 et note 41 :

 

« Le Ier mars 1875, Maximin mourut à Corps, après une vie errante et douloureuse (41), couronnée par une enviable mort. »

 

41) Dont voici les étapes : […] En 1865, il voyage : à Froshdorf, grâce à la marquise de PIGNEROLES, fin avril, il visite Henri V [c’est-à-dire le comte de Chambord], vient ensuite à Rome, et s’engage pour six mois dans les zouaves pontificaux. […] »

 

Marquis de la Franquerie, Le caractère sacré et divin de la royauté en France, Éd. Du Chiré, 1978, page 111 :

 

« Mélanie, la bergère de La Salette : « C’est Lucifer qui gouverne la France… Dieu nous donnera un Roi caché auquel on ne pense pas… Dieu seul le donnera. »

« C’est donc bien que Dieu seul  veut le Roi de France, puisque c’est Lui, et Lui seul, qui le donnera…

« Maximim avait reçu l’ordre de la Sainte Vierge de faire connaître la Survivance de Louis XVII au Comte de Chambord. Après l’entretien que le Prince eut avec le Messager marial, il déclara au comte de Vanssay, son secrétaire et gentihomme de service :

« Maintenant, j’ai la certitude que mon Cousin Louis XVII existe [a existé]. Je ne monterai donc pas sur le Trône de France. Mais Dieu seul veut que nous gardions le secret. C’est LUI SEUL qui se réserve de rétablir la Royauté. » [Charles-Louis Naundorff se disant lui-même Louis XVII décéda le 10 août 1845, c’est-à-dire vingt ans avant l’entretien de Maximin avec le Comte de Chambord ou Henri V.]  

 

Selon une parole de Saint Michel Archange adressée à Marie-Julie Jahenny de la Fraudais ou selon d’autres prophéties faites à différentes âmes privilégiées, celui qui devra porter la couronne « est encore caché dans le secret de l’Éternel ». Tirons-en les conclusions au sujet des prétendants au trône de France que le monde connaît.

 

- - - - - - - -

 

Mgr Stanislas-Xavier Touchet, Évêque d'Orléans, La Sainte de la Patrie, P. Lethielleux, Lib.-Éd., Paris, 1921, Tome I, pages 116, 117, 118 et 119 : Entrevue de Jeanne et de Charles à Chinon (mars 1429) :

 

" Tandis donc que le souverain [le roi Charles VII] se dissimulait, le comte de Clermont, le Beau Seigneur ; le " Pâris de la cour " "feignait qu'il était le roi " (1). Magnifiquement vêtu, très entouré, il jouait fort bien son personnage. Jeanne ne s'y laissa point prendre.

" Quand Charles sortit de la chambre où il se tenait et se mêla aux courtisans, elle l'aperçut. Or " combien que elle ne le cognaissait pas et ne l'avait onques veu " (2), elle alla droit vers lui. Sa Voix la menait. " Quand j'entrai dans le palais de mon roi, affirmera-t-elle aux juges de Rouen, je le connus au milieu de son entourage sur l'indication de ma Voix qui me le révéla " (3).

" [...] C'est une prophétesse qui se dévoile ; mais une prophétesse de dix-sept ans douce comme une fleur de Pâques. Sa Voix lui avait désigné son roi.

" Charles lui demanda son nom, et ce qu'elle venait faire.

- Gentil Dauphin, j'ai nom Jeanne la Pucelle (4).

" Cinq siècles déjà ont ratifié cette réponse. Elle déclara ensuite que ce n'étaient pas les hommes qui l'envoyaient. Elle s'était mise en chemin, de par " le Roy des cieulx " (5). - " Mon très illustre maître, conclut-elle ; je suis venue pour donner secours au royaume et à vous (6) ... Et vous mande le Roi du ciel, par moi, que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims ; et que vous serez lieutenant à Luy, qui est vray Roy de France (7)."

" La question ne pouvait se poser plus nettement. Pas d'ambages, pas d'hésitation : c'est Dieu qui a mis Jeanne en route. Il lui a confié une mission ; elle est son ange près du roi. Et de cette mission les résultats sont annoncés avec une précision éblouissante : Orléans sera repris (8) ; le roi sera sacré ; mais qu'il ne l'oublie pas : sacré, il sera un lieutenant. On l'appellera le roi : il ne sera que le lieutenant du vrai Roi, c'est le Christ (9) ! [Qu'on y prenne bien garde ! Ces paroles s'adressent également au futur roi de France et à tous ses successeurs].

" [...] Jeanne eut l'intuition qu'il faudrait des prodiges comme disait Jésus pour conquérir ce cœur incertain. [...]

" Charles effectivement en était arrivé à ce point de douter de son sang (10). Tant de malheurs avaient fondu sur lui qu'il avait fini par les regarder comme le signe d'une réprobation inexplicable supposé que le trône lui appartînt. Et à tout peser équitablement, avec une mère telle qu'Isabeau, nulle inquiétude n'était exagérée. Toutefois, si Charles souffrait durement de cette angoisse, il la dissimulait profondément. De certains maux on rougit.

" Jeanne toucha la blessure avec une souveraine délicatesse. Regardant le roi, et s'élevant tout d'un coup au tutoiement des antiques prophètes : " Je te le dis de la part de Messire que tu as vrai héritier de France et fils de roi ! Il m'envoie vers toi pour que je te conduise à Reims, si tu veux " (11), prononça-t-elle.

" Le roi ne répondit pas, que l'on sache.

" Il conclut l'audience. Son mélancolique visage était éclairé. Il ne dissimula point avoir entendu des choses extraordinaires, des secrets que Dieu seul pouvait connaître. C'est pourquoi il n'était pas sans confiance (12)."

Chronique, Q. IV, 207 ; 2° Jean Chartier, Q. IV, 52 ; 3° Jeanne, Q. I, 56 ; 4° Pasquerel, Q. III, 103 ; 5° Ibid. ; 6° Gaucourt, Q. III, 17 ; 7° Livre noir de la Rochelle ; 8° Gaucourt, Q. III, 17 ; 9° Quicherat, III, 103 ; 10° L'abbréviateur, Q. IV, 258-259 ; 11° Pasquerel, Q. III, 103.

 

Cardinal Pie (1815-1880) [évêque de Poitiers (1849) qui contribua au concile du Vatican à la définition de l'infaillibilité pontificale (1870) et fut créé cardinal par le Pape Léon XIII en 1879], Œuvres de Mgr l'Evêque de Poitiers, 10 volumes, tome I, chap. XVII : Mandement qui ordonne un " Te Deum " à l'occasion de la rentrée de N. S. P. le pape Pie IX dans Rome (3 mai 1850), Poitiers, Henri Oudin, Librairie-Editeur, Paris, Victor Palmé, Librairie-Editeur, 1872, pages 197-198 :

 

" I. Le pape Grégoire IX écrivait à saint Louis :

 

" Le Fils de Dieu, à l'empire duquel obéit l'univers entier, et qui tient à ses ordres toutes les légions célestes, ayant établi ici bas différents royaumes selon les différences des langues et des climats, a conféré aux divers gouvernements des missions diverses pour l'accomplissement de ses desseins suprêmes ; et comme autrefois la tribu de Juda, préférée à celle des autres fils du patriarche, fut enrichie d'une bénédiction spéciale, ainsi le pays de France, plus que tous les autres de la terre, a reçu du Seigneur une prérogative d'honneur et de grâce (Labbe, Concil.., t. XI, p. 366)."

" Et le grand pape, justifiant sa comparaison entre la tribu de Juda et le peuple français, " dont cette tribu était la figure anticipée (Præfata tribus regni Franciæ præfigurativa. Ibid.) ", énumérait tous les combats de la France pour l'exaltation de la foi catholique et la défense de la liberté religieuse : combats dans l'Orient, combats dans l'Occident ; combat contre les païens d'outre-mer, et contre les hérétiques de nos provinces du Midi ; combats dont Rome, Jérusalem et Constantinople furent successivement le prix ; combats dont les héros, à commencer par Charles Martel et Charlemagne, formaient déjà toute une généalogie qui aboutissait à Louis le Chaste, en attendant Louis le Saint et tant d'autres héros français, héritiers de la valeur de leurs pères et de leur dévouement à l'Église.

" Car en ce pays, en cette tribu toujours fidèle, qu'aucun effort de l'enfer n'a pu détourner de la sainte cause de Dieu et de l'Église [les temps ont bien changé], jamais la liberté ecclésiastique n'a péri ; en aucun temps la foi chrétienne n'y a perdu sa vigueur ; mais, au contraire, les rois et les soldats de cette noble terre n'ont jamais hésité à répandre leur sang et à se jeter au milieu des périls pour la conservation d cette foi et de cette liberté.

" " D'où nous concluons avec évidence, disait toujours Grégoire IX, que notre Rédempteur, en choisissant ce peuple de France pour le spécial exécuteur de ses volontés divines, s'en est armé comme d'un carquois d'où il tire, à certains jours, des flèches choisies qu'il dirige contre les impies, pour la protection de la foi et de la liberté religieuse ; et pour la défense de la justice (Concil., t. XI, p. 367)."

" II. Ainsi parlait le chef de l'Église en l'année 1230. Dieu soit mille fois béni, nos très chers Frères ! "

 

Dom Guéranger, abbé de Solesmes, l'Année liturgique, le Temps de la Septuagésime, le XII mars, S. Grégoire le Grand (539 - 604), Pape et Docteur, Librairie Religieuse H. Oudin, Poitiers et Paris, 1904, page 473 :

 

" De tous les peuples nouveaux qui s'étaient établis sur les ruines de l'Empire romain, la race franque fut longtemps seule à professer la croyance orthodoxe ; et cet élément surnaturel lui valut les hautes destinées qui lui ont assuré une gloire et une influence sans égales. C'est assurément pour nous, Français, un honneur dont nous devons être saintement fiers, de trouver dans les écrits d'un Docteur de l'Église ces paroles adressées, dès le VIe siècle, à un prince de notre nation :

 

" Comme la dignité royale s'élève au-dessus des autres hommes, ainsi domine sur tous les royaumes des peuples la prééminence de votre royaume. Être roi comme tant d'autres n'est pas chose rare ; mais être roi catholique alors que les autres sont indignes de l'être, c'est assez de grandeur. Comme brille par l'éclat de la lumière un lustre pompeux dans l'ombre d'une nuit obscure, ainsi éclate et rayonne la splendeur de votre foi, à travers les perfidies des autres nations " (Regest. Lib. IV. Epist. VI ad Childebertum Regem)"."

 

 

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