Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 21:54

 

SAINT  IRÉNÉE (135/140-202/203)

ÉVÊQUE DE LYON

HONORÉ PAR L’ÉGLISE COMME MARTYR

LE FONDATEUR DE LA THÉOLOGIE CATHOLIQUE

ET

LE MARTEAU DES HÉRÉSIES

(jamais réfuté ni nommément condamné)

 

« CONTRE LES HÉRÉSIES »

DÉNONCIATION ET RÉFUTATION

DE LA GNOSE AU NOM MENTEUR

dont le vrai titre est :

«  FAUSSE GNOSE DÉMASQUÉE ET RÉFUTÉE »

(Elegcoς kaί anatroph thς yeudwnumou gnώsewς)

 

Traduction française par Adelin Rousseau

Moine de l’Abbaye d’Orval

Internet : www.JESUSMARIE.com

  

  

Saint Irénée (135/140-202/203), évêque de Lyon (177-202/203), honoré par l’Église comme martyr, « fondateur de la théologie catholique » et « marteau des hérésies », Contre les hérésies,  Livre II, IIIe partie, 27, 1-3 à 28, 1-3 :

 

Recherches légitimes – La règle de vérité.

 

27, 1. En revanche, une intelligence saine, circonspecte, pieuse et éprise de vérité se tournera vers les choses que Dieu a mises à la portée des hommes et dont il a fait le domaine de notre connaissance. C'est à ces choses qu'elle s'appliquera de toute son ardeur, c'est en elles qu'elle progressera, s'instruisant sur elles avec facilité moyennant l'exercice quotidien. Ces choses, ce sont, pour une part, celles qui tombent sous notre regard et, pour une autre part, tout ce qui est contenu clairement et sans ambiguïté, en propres termes, dans les Écritures. Voilà pourquoi les paraboles doivent être comprises à la lumière des choses non ambiguës : de la sorte, celui qui les interprète les interprétera sans péril, les paraboles recevront de tous une interprétation semblable, et le corps de la vérité demeurera complet, harmonieusement structuré et exempt de dislocation. Par contre, rattacher des choses non clairement exprimées et ne tombant pas sous notre regard à des interprétations de paraboles que chacun imagine de la manière qu'il veut, c'est déraisonnable : de la sorte, en effet, il n'y aura de règle de vérité chez personne, mais, autant il y aura d'hommes à interpréter les paraboles, autant on verra surgir de vérités antagonistes et de théories contradictoires, comme c'est le cas pour les questions débattues par les philosophes païens.

27, 2. Dans une telle perspective, l'homme cherchera toujours et ne trouvera jamais, parce qu'il aura rejeté la méthode même qui lui eût permis de trouver. Et alors que l'Epoux est là, l'homme dont la lampe n'est point préparée et ne brille point de la splendeur de la claire lumière court vers ceux qui trafiquent dans les ténèbres des interprétations de paraboles ; il délaisse ainsi Celui qui, par sa claire prédication, donne gratuitement d'avoir accès auprès de lui et il s'exclut de la chambre nuptiale (a).

Ainsi donc toutes les Écritures, tant prophétiques qu'évangéliques — que tous peuvent pareillement entendre, lors même que tous ne croient pas pour autant — proclament clairement et sans ambiguïté qu'un seul et unique Dieu, à l'exclusion de tout autre, a fait toutes choses par son Verbe, les visibles et les invisibles, les célestes et les terrestres, celles qui vivent dans les eaux et celles qui rampent sous la terre, comme nous l'avons prouvé par les paroles mêmes des Écritures  ; de son côté, le monde même où nous sommes, par tout ce qu'il offre à nos regards, atteste lui aussi qu'unique est Celui qui l'a fait et le gouverne. Dès lors, combien stupides apparaîtront ces gens qui, en présence d'une manifestation aussi claire, sont aveugles des yeux et ne veulent pas voir la lumière de la prédication ; qui s'enchaînent eux-mêmes et qui, par de ténébreuses explications de paraboles, s'imaginent avoir trouvé chacun son propre Dieu. Car, en ce qui concerne le Père imaginé par les hérétiques, aucune Écriture ne dit quoi que ce soit de façon claire, en propres termes et sans contestation possible : eux-mêmes en témoignent en disant que c'est en secret que le Sauveur aurait livré ces enseignements, et cela non pas à tous, mais à quelques disciples capables de saisir (b) et comprenant ce qu'il indiquait au moyen d'énigmes et de paraboles. Ils en viennent ainsi à dire qu'autre est celui qui est prêché comme Dieu, et autre celui qui est indiqué par les paraboles et les énigmes, à savoir le Père. 27, 3. Mais, puisque les paraboles sont susceptibles d'explications multiples, fonder sur elles sa recherche de Dieu en délaissant ce qui est certain, indubitable et vrai, quel homme épris de vérité ne conviendra que c'est se précipiter en plein danger et agir à l'encontre de la raison ? N'est-ce pas là bâtir sa maison, non sur le roc ferme, solide et découvert, mais sur l'incertitude d'un sable mouvant ? Aussi un tel édifice sera-t-il facilement renversé (c).

 Réserver à Dieu la connaissance des choses qui nous dépassent.

28, 1. Ainsi donc, puisque nous possédons la règle même de la vérité et un témoignage tout à fait clair sur Dieu, nous ne devons pas, en cherchant dans toutes sortes d'autres directions des réponses aux questions, rejeter la solide et vraie connaissance de Dieu ; nous devons bien plutôt, en orientant la solution des questions dans le sens qui a été précisé, nous exercer dans une réflexion sur le mystère et sur l'« économie » du seul Dieu existant, grandir dans l'amour de Celui qui a fait et ne cesse de faire pour nous de si grandes choses et ne jamais nous écarter de cette conviction qui nous fait proclamer de la façon la plus catégorique que Celui-là seul est véritablement Dieu et Père qui a fait ce monde, modelé l'homme, donné la croissance à sa créature et appelé celle-ci de ses biens moindres aux biens plus grands qui sont auprès de lui. Ainsi l'enfant, après avoir été conçu dans le sein maternel, est-il amené par lui à la lumière du soleil, et le froment, après avoir grandi sur sa tige, est-il déposé par lui dans le grenier (c) ; mais c'est un seul et même Créateur qui a modelé le sein maternel et créé le soleil, et c'est aussi un seul et même Seigneur qui a produit la tige, fait croître et se multiplier (e) le froment et préparé le grenier.

28, 2. Que si nous ne pouvons trouver la solution de toutes les questions soulevées par les Écritures, n'allons pas pour cela chercher un autre Dieu en dehors de Celui qui est le vrai Dieu : ce serait le comble de l'impiété. Nous devons abandonner de telles questions au Dieu qui nous a faits, sachant très bien que les Écritures sont parfaites, données qu'elles ont été par le Verbe de Dieu et par son Esprit, mais que nous, dans toute la mesure où nous sommes inférieurs au Verbe de Dieu et à son Esprit, dans cette même mesure nous avons besoin de recevoir la connaissance des mystères de Dieu. Rien d'étonnant, d'ailleurs, que nous ressentions cette ignorance en face des réalités spirituelles et célestes et de toutes celles qui ont besoin de nous être révélées, puisque, même parmi les choses qui sont à notre portée — je veux parler de celles qui appartiennent à ce monde créé, qui sont maniées et vues par nous et qui nous sont présentes —, beaucoup échappent à notre science, et nous nous en remettons à Dieu pour ces choses mêmes : car il faut qu'il l'emporte en excellence sur tout être. Qu'en est-il, par exemple, si nous essayons d'exposer la cause de la crue du Nil ? Nous disons un bon nombre de choses plus ou moins plausibles, mais la vérité sûre et certaine est l'affaire de Dieu. Même la résidence des oiseaux qui viennent chez nous au printemps et repartent à l'automne échappe à notre connaissance, alors qu'il s'agit d'un fait se passant dans notre monde. Et quelle explication pouvons-nous donner du flux et du reflux de la mer, puisqu'il est évident que ces phénomènes ont une cause bien déterminée? Ou encore, que pouvons-nous dire des mondes situés au delà de l'Océan ? Ou que savons-nous sur l'origine de la pluie, des éclairs, du tonnerre, des nuages, du brouillard, des vents et des choses de ce genre ? ou sur les réserves de neige, de grêle (d) et de ce qui leur est apparenté ? ou sur la formation des nuages et la constitution du brouillard ? Et quelle est la cause pour laquelle la lune croît et décroît ? Ou encore, quelle est la cause de la différence des eaux, des métaux, des pierres et autres choses semblables ? En tout cela nous pourrons bien être loquaces, nous qui cherchons les causes des choses ; mais  seul  Celui  qui les  a faites,   c'est-à-dire Dieu,   sera véridique.

28, 3. Si donc, même dans ce monde créé, il est des choses qui sont réservées à Dieu et d'autres qui rentrent aussi dans le domaine de notre science, est-il surprenant que, parmi les questions soulevées par les Écritures  — ces Écritures  qui sont tout entières spirituelles —, il y en ait que nous résolvions avec la grâce de Dieu, mais qu'il y en ait aussi que nous abandonnions à Dieu, et cela, non seulement dans le monde présent, mais même dans le monde futur, afin que toujours Dieu enseigne et que toujours l'homme soit le disciple de Dieu ? Car, selon le mot de l'Apôtre, quand sera aboli tout ce qui n'est que partiel, ces trois choses demeureront, à savoir la foi, l'espérance et la charité (e). Toujours, en effet, la foi en notre Maître demeurera stable, nous assurant qu'il est le seul vrai Dieu, en sorte que nous l'aimions toujours, parce qu'il est le seul Père, et que nous espérions recevoir et apprendre de lui toujours davantage, parce qu'il est bon, que ses richesses sont sans limites, son royaume, sans fin, et sa science, sans mesure. Si donc, de la manière que nous venons de dire, nous savons abandonner à Dieu certaines questions, nous garderons notre foi et nous demeurerons à l'abri du péril ; toute l'Écriture, qui nous a été donnée par Dieu, nous paraîtra concordante ; les paraboles s'accorderont avec les passages clairs et les passages clairs fourniront l'explication des paraboles ; à travers la polyphonie des textes, une seule mélodie harmonieuse résonnera en nous, chantant le Dieu qui a fait toutes choses. Si, par exemple, on nous demande : Avant que Dieu ne fît le monde, que faisait-il ? nous dirons que la réponse à cette question est au pouvoir de Dieu. Que ce monde ait été fait par Dieu par mode de production et qu'il ait commencé dans le temps, toutes les Écritures nous l'enseignent ; mais quant à savoir ce que Dieu aurait fait auparavant, nulle Écriture ne nous l'indique. Donc la réponse à la question posée appartient à Dieu, et il ne faut pas vouloir imaginer des émanations folles, stupides (f) et blasphématoires, et, dans l'illusion d'avoir découvert l'origine de la matière, rejeter le Dieu qui a fait toutes choses.

a) Cf. S. Matthieu, 25 : 1-12 ;

c) Cf. S. Matthieu, 19 : 12 ;

b) Cf. S. Matthieu, 7 : 24-27 ;

c) Cf. S. Matthieu, 3 : 12 ; Cf. Genèse, 1 : 28 ;

d) Cf. Job, 38 : 22 ;

e) Cf. I Corinthiens, 13 : 9-13 ;

f) Cf. II Timothée, 2 : 23.

 

Id., ibid., Livre IV, IIe partie, 28, 2 :

 

Exégèse d’un presbytre : les transgressions du peuple.

 

Soin à apporter à la vie morale :

 

28, 2. Car, de même que dans le Nouveau Testament la foi des hommes envers Dieu s'est accrue, en recevant en supplément le Fils de Dieu, afin que l'homme devînt participant de Dieu; de même que le soin à apporter à la vie morale s'est étendu, puisqu'il nous est commandé de nous abstenir non seulement des actes mauvais, mais encore des pensées mauvaises (a), des paroles oiseuses (b) et des bouffonneries (c) : de même la perdition de ceux qui n'obéissent pas au Verbe de Dieu, méprisent sa venue et retournent en arrière, s'est amplifiée elle aussi, n'étant plus temporelle, mais étant devenue éternelle. Car tous ceux à qui le Seigneur dira : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel (d) », seront condamnés pour toujours ; et tous ceux à qui il dira : « Venez, les bénis de mon Père, recevez l'héritage du royaume qui vous a été préparé (e) », recevront pour toujours le royaume et progresseront en lui. Il n'y a, en effet, qu'un seul et même Dieu Père, et son Verbe est présent en tout temps à l'humanité, quoique par des « économies » diverses et des opérations multiformes, sauvant depuis le commencement ceux qui sont sauvés, c'est-à-dire ceux qui aiment Dieu et qui, selon leur époque, suivent son Verbe, et condamnant ceux qui sont condamnés, c'est-à-dire ceux qui oublient Dieu et qui blasphèment et méprisent son Verbe.

a) Cf. S. Matthieu, 15 : 19 ;

b) Cf. S. Matthieu, 12 : 36 ;

c) Cf. Éphésiens, 5 : 4 ;

d) S. Matthieu, 25 : 41 ;

e) S. Matthieu, 25 : 34.

 

- - - - - - - - - - - -

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le Présent éternel
  • : Thèse et synthèse sur la logique, la philosophie, la métaphysique, la politique, les mathématiques, la physique, la chimie, la théologie et la mystique élaborées à la lumière des premiers principes de la raison spéculative, principes immuables et éternels qui constituent les fondements du thomisme
  • Contact

Recherche

Liens