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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 09:47

LA POLITIQUE

 

(3/14)

 

Léon XIII, encyclique Libertas du 20 juin 1888 sur la liberté humaine :

 

" 24. Or, le principe de tout rationalisme, c'est la domination souveraine de la raison humaine, qui, refusant l'obéissance due à la raison divine et éternelle, et prétendant ne relever que d'elle-même, ne se reconnaît qu'elle seule pour principe suprême, source et juge de la vérité. Telle est la prétention des sectateurs du Libéralisme dont nous avons parlé ; selon eux, il n'y a dans la pratique de la vie aucune puissance divine à laquelle on soit tenu d'obéir, mais chacun est à soi-même sa propre loi. De là, procède cette morale que l'on appelle indépendante et qui, sous l'apparence de la liberté, détournant la volonté de l'observation des divins préceptes, conduit l'homme à une licence illimitée. "

 

Pape saint Pie X, allocution au Consistoire, 14 novembre 1904, sur la forme du pouvoir politique :

 

" [...] Tandis que les documents émanés du Siège Apostolique disent sans ambiguïté que la profession des principes chrétiens peut s'accorder parfaitement avec la forme républicaine, ces hommes semblent vouloir affirmer que la République, telle qu'elle existe en France, ne peut avoir rien de commun avec la religion chrétienne [il ne faut quand même pas oublier que les principes maçonniques de la république française sont inhérents à la Déclaration des droits de l’homme (1)]. Double calomnie qui blesse les Français à la fois comme catholiques et comme citoyens. "

 

 1) Pape Pie VI, Encyclique Adeo nota, du 23 avril 1791 sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - à l'évêque d'Aléria :

 

" [...] Il Nous suffit de rappeler les 17 articles sur les droits de l'homme qui ne sont qu'une répétition fidèle de la Déclaration faite par l'Assemblée nationale de France de ces mêmes droits, si contraires à la religion et à la société, et que l'Assemblée du Comtat n'a adoptés que pour en faire la base de sa nouvelle Constitution [ce qui est écrit est écrit]."

 

Id., encyclique Il fermo proposito, 11 juin 1905, sur l'action politique des catholiques :

 

" [...] Les constitutions actuelles des États donnent indistinctement à tous la faculté d'exercer une influence sur la chose publique, et les catholiques, tout en respectant les obligations imposées par la loi de Dieu et les prescriptions de l'Église, peuvent en user en toute sûreté de conscience pour se montrer, tout autant et même mieux que les autres, capables de coopérer au bien-être matériel et civil du peuple, et acquérir ainsi une autorité et une considération qui leur permettent aussi de défendre et de promouvoir les biens d'un ordre plus élevé, le bien des âmes. [...]

" Or, la possibilité de cette bienveillante concession de Notre part entraîne pour tous les catholiques le devoir de se préparer prudemment et sérieusement à la vie politique, pour le moment où ils y seraient appelés. [...]

" En même temps, il faudra inculquer et suivre en pratique les principes élevés qui règlent la conscience de tout vrai catholique : il doit se souvenir avant tout d'être en toute circonstance et de se montrer vraiment catholique, assumant et exerçant les charges publiques avec la ferme et constante résolution de promouvoir autant qu'il le peut le bien social et économique de la patrie et particulièrement du peuple, suivant les principes de la civilisation nettement chrétienne, et de défendre en même temps les intérêts de la religion et de la justice. [...] "

 

Id., let. Poloniæ populum, 3 décembre 1905, aux évêques de Pologne, sur l'obéissance au pouvoir :

 

" [...] A ce propos, tous aimeront à se rappeler les instructions que Notre prédécesseur, d'heureuse mémoire, vous adressait le 19 mars 1894 : ' Les sujets doivent toujours respect et fidélité à leurs princes comme à Dieu même, qui règne par leur intermédiaire ; ils doivent leur obéir non seulement par crainte, mais par conscience ' (Matth., XVI, 26) ; ' ils doivent prier, supplier, conjurer, remercier Dieu pour eux ' (Romains, XIII, 5) ; ils doivent observer l'ordre saint établi dans la société, s'abstenir de tous les complots fomentés par les sectes malfaisantes, éviter toute sédition, contribuer enfin de toutes leurs forces au maintien de la paix et de la justice. "

 

Id., let. Inter catholicos, 20 février 1906, à l'évêque de Madrid, sur le devoir électoral :

 

" [...] L'effort principal des catholiques sera d'envoyer, soit aux municipalités, soit au corps législatif, les hommes qui, étant données les particularités de chaque élection et les circonstances de temps et de lieu, paraissent devoir mieux veiller aux intérêts de la religion et de la patrie dans l'administration des affaires publiques. [...] "

 

Pape saint Pie X, allocution au Consistoire, 21 février 1906, sur la séparation de l'Église et de l'État, au sujet de la France :

 

" L'offense infligée naguère à l'Église et à Nous est si grave et si violente que Nous ne pouvons la passer sous silence, et, le voudrions-Nous, Nous ne pourrions la taire sans manquer à Notre devoir.

" Vous devinez, Vénérables Frères, que Nous voulons parler de cette loi absolument inique, ourdie pour la ruine du catholicisme, qui vient d'être promulguée en France en vue de la séparation de l'État d'avec l'Église. [...]

" En effet, pouvons-Nous ne pas réprouver cette loi, lorsque son titre même montre sa malice et la condamne ? Il s'agit Vénérables Frères, de séparer violemment l'État de l'Église. Donc, telle qu'elle est, elle tend au mépris du Dieu éternel et Très-Haut, puisqu'elle affirme qu'aucun culte ne Lui est dû par l'État. Or, Dieu n'est pas seulement le Seigneur et le Maître des hommes considérés individuellement, mais Il l'est aussi des nations et des États ; il faut donc que ces nations et ceux qui les gouvernent Le reconnaissent, Le respectent et Le vénèrent publiquement.

" Si l'oubli de ce devoir et ce divorce sont partout injurieux pour la Majesté divine, ils sont en France une ingratitude plus grande et un malheur plus funeste.

" Car si l'on considère en toute vérité l'ancienne gloire de la France, on reconnaîtra qu'elle lui vient en majeure partie, et de beaucoup, de la religion et de l'union constante avec le Saint-Siège, qui en découlait. De plus, cette union de l'Église et de l'État était sanctionnée en France par un pacte solennel. [...]

" Et maintenant, si Nous examinons la teneur même de la loi, qui ne voit que le fait de sa proposition détruit la Constitution même par laquelle Jésus-Christ a façonné l'Église qu'Il a acquise par son sang ? [...]

" Mais ici Nous dirons en résumé que, d'un côté les évêques ne peuvent plus régir le peuple chrétien dans la pleine souveraineté de leur charge, de l'autre on enlève au peuple chrétien le droit très sacré de professer librement sa religion suivant son devoir ; enfin, l'action de l'Église sur la société est affaiblie sur de nombreux points ou tout à fait entravée. [...]

" Quant à la République, elle se délie de toute obligation de subvenir aux dépenses annuelles de la religion, dépenses que, par une convention, elle avait prises à sa charge en compensation de la spoliation officielle. [...]

" En vertu de la suprême autorité dont Nous jouissons comme tenant la place du Christ sur la terre, nous condamnons la loi de séparation et la réprouvons comme injurieuse au Dieu très bon et très grand, contraire à la divine Constitution de l'Église, favorisant le schisme, hostile à Notre autorité et à celle des pasteurs légitimes, spoliatrice des biens de l'Église, opposée au droit des gens, ennemie du Siège Apostolique et de Nous-même, très funeste aux évêques, au clergé et aux catholiques de France, Nous prononçons et Nous déclarons que cette loi n'aura jamais et en aucun cas la moindre valeur contre les droits perpétuels de l'Église [la teneur de l'expression verbale utilisée ici par le Pontife romain donne à sa condamnation un caractère incontestable d'infaillibilité : sa condamnation est irréformable par elle-même et ne tolère aucun appel à un autre jugement]."

 

 

Pierre de Clorivières, Contemporain et juge de la Révolution (1735-1829), jésuite (l'auteur des célèbres et très solides " Considérations sur l'exercice de la prière et de l'oraison ", D.D.B., collection Christus), Introduction de M. René Bazin (1853-1932), de l'Académie française, Paris, J. De Gigord, Éditeur, rue Cassette, 15, 1926, pp. 75 et suivantes :

 

" Je me sers de la seconde Déclaration des Droits de l'homme et du Citoyen, présentée au Peuple par la Convention nationale, le 24 juin 1793, l'an deuxième de la République. Je n'ai pas même la première sous les yeux, mais je m'en souviens assez pour comparer ces Déclarations l'une avec l'autre, au moins dans leur ensemble. Elles sont d'accord quant aux points fondamentaux, mais ces points n'y sont pas présentés de la même manière. [...]

 

" 1793 : Le Peuple Français, convaincu que l'oubli et le mépris des droits naturels de l'homme sont les seules causes des malheurs du monde, a résolu d'exposer dans une Déclaration solennelle ces droits sacrés.

 

" [...] La Déclaration des Droits de l'homme a été la pomme de discorde qui a porté au sein de la patrie la guerre et la désolation. Le Peuple Français ne peut donc pas être convaincu que l'oubli et le mépris de ces droits de l'Homme soient les seules causes des malheurs du monde.

 

" D'ailleurs une telle conviction est nulle, elle est fausse et impossible. L'homme peut bien oublier ses devoirs, parce qu'ils ont quelque chose de gênant, dont le souvenir l'importune, mais il est impossible que l'homme oublie des droits qui flattent son orgueil [droits naturels et imprescriptibles : liberté et égalité]. Il est également impossible qu'il souffre qu'on les méprise, parce que ces droits étant les mêmes dans tous les hommes, la généralité, dans qui réside la force, ne manquerait pas de réclamer efficacement contre ce mépris. [...]

 

" 1793 : Afin que tous les citoyens, pouvant comparer sans cesse les actes du Gouvernement avec le but de toute Institution Sociale, ne se laissent jamais opprimer et avilir par la tyrannie.

 

" [...]

 

" Afin que le Peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur, le Magistrat la règle de ses devoirs, le Législateur l'objet de sa mission.

 

" L'idée d'un faux bonheur et d'une fausse liberté ne peut qu'égarer le peuple ; ce qui détruit les devoirs les plus essentiels ne peut servir de règle à des magistrats ; on ne conçoit pas que nos législateurs y aient vu l'objet de leur mission et que cet objet ait dû les diriger dans leurs travaux destructeurs. Cette fausse liberté, ce faux bonheur ont été [et sont] le fantôme dont ils ont ébloui les yeux du peuple.

 

" En conséquence, il proclame en présence de l'Être Suprême [cet Être Suprême est en réalité Lucifer, opposé au Père, au Fils et au Saint-Esprit, Jésus étant le Maudit], la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

 

" On est surpris que dans une déclaration où tous les Droits de Dieu sont lésés, compromis, comptés pour rien, on ose rappeler la présence de l'Être suprême [c'est en effet se moquer vraiment de Lui]. Serait-ce par dérision ? On ne saurait l'imaginer, nos législateurs n'ont point prétendu invoquer le Dieu qu'ils méconnaissent. Il est plus croyable que par l'Être Suprême, ils ont entendu ou la divinité monstrueuse de Spinosa, composé bizarre de l'assemblage de tous les êtres, ou le Mauvais principe des Manichéens [les enfants de Manès, l'esclave Curbique, le fils de la veuve de Scythien, que le roi de Perse fit écorcher vif avec des pointes de roseau pour avoir causé la mort de son fils qu'il avait promis de guérir], ou le génie malfaisant qu'une secte, qui joue un grand rôle dans cette révolution, appelle son grand Maître invisible.

 

" Art. 1er . - Le but de la Société est le bonheur commun. Le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles.

 

" Il serait plus vrai de dire que le but de la Société civile est de pourvoir, dans les choses qui sont de son ressort, aux nécessités sociales de l'homme : parce que nul homme ne peut se suffire à lui-même. Ce que tout gouvernement doit se proposer, c'est de maintenir le bon ordre et la paix parmi les citoyens, en veillant à ce que nul ne s'écarte de ce qui est prescrit par de justes lois. C'est le seul moyen qu'il ait de procurer le bien de la Société.

 

" Mais il faut d'abord se rappeler ces principes indéniables : 1° que la loi civile, pour être bonne, doit être calquée sur la loi de Dieu, ou du moins ne rien prescrire qui lui soit contraire ; 2° que des législateurs qui se proposent pour but le bien de l'homme et de la Société, doivent, avant toutes choses, les porter à l'obéissance à la loi naturelle et à la loi révélée.

 

" Quelle que soit la forme de son gouvernement, un peuple est heureux quand les lois y font régner la Justice et la Crainte de Dieu et que l'empire de ces lois y est en honneur. Un grand Jurisconsulte en avait averti nos législateurs quand il avait dit : ' Les mœurs et la liberté sont une même chose ' [comme le vice ou les mauvaises mœurs et l'esclavage].

 

" Dieu protège un peuple qui le fait honorer ; il veille aux intérêts de sa gloire et de sa grandeur. La promesse en est consignée en grand nombre d'endroits des Livres Saints.

 

[...]

 

" Art. 2 . - Ces droits sont l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.

 

" [...] Considéré par rapport à Dieu, l'homme n'a pas de droits, parce qu'il tient tout de Dieu, qu'il doit tout à Dieu, et que Dieu ne lui doit rien [puisque Dieu l'a créé avec le temps ou le crée dans son Présent éternel en le dominant de son Être incréé] ; quoique Dieu se doive à Lui-même, c'est-à-dire à sa Sagesse et à sa Bonté, d'accorder à ses créatures les choses nécessaires à chacune d'elles, selon la nature qu'Il leur a donnée ; mais considéré par rapport aux autres hommes, l'homme a droit qu'on ne l'empêche pas de jouir des biens conformes à sa nature. S'exprimer ainsi, c'eût été rendre hommage à la vérité.

 

" Mais les droits qui sont ici marqués, sont-ils les droits de l'homme ? Des droits naturels sont ceux qu'on tient de la nature. Il y en a qui sont tellement inhérents à la nature de l'homme, qu'ils ne peuvent en être séparés. Ce sont ceux dont nous parlerons ici, parce qu'ils sont communs à tous les hommes.

 

" Pour connaître quels sont les droits naturels et imprescriptibles de l'homme, il faut considérer les biens de la nature sur lesquels ces droits sont fondés. Ces biens sont : d'abord l'être, et cet être est composé d'une âme spirituelle et d'un corps matériel ; les facultés de l'âme sont le jugement, dont l'objet est le Vrai, et la volonté dont l'objet est le Bien ; les facultés du corps sont l'usage des sens et le pouvoir d'agir extérieurement. Et parce que l'homme est libre, il peut se servir librement de ses facultés tant de l'âme que du corps. C'est de ces biens de la nature que dérivent les droits naturels de l'homme.

 

" Parce qu'il est doué d'un jugement dont l'objet est le Vrai [Jésus-Christ, le Verbe incarné, étant la Vérité même], il a droit de connaître la vérité et de s'y attacher. Parce qu'il est doué d'une volonté ou capacité d'aimer, dont l'objet est le Bien, il a le droit d'en poursuivre la possession et de s'y attacher. Ce Bien c'est le Souverain Bien, qui seul peut rendre l'homme entièrement heureux ; c'est aussi tout ce qui peut l'aider à en obtenir la jouissance, sans exclure les autres biens conformes à sa nature et à sa fin. Parce qu'il a un corps et qu'il est libre, il peut faire tout ce qui n'est pas contraire à son devoir. Parce qu'il a l'être, il a droit de pourvoir à sa conservation personnelle et à son bien-être.

 

" Voici donc quels sont les droits naturels et imprescriptibles de l'homme :

 

" 1° La connaissance de la Vérité ; 2° La poursuite du Bien nécessaire à son bonheur [à son vrai bonheur] et à sa fin ; 3° La liberté ou le pouvoir de faire tout ce qui n'est pas contraire au devoir ; 4° La conservation de sa personne et de ses biens.

 

" Ces droits sont naturels, puisqu'ils proviennent de la nature, et que sans eux les biens que l'homme a reçus de la nature lui seraient inutiles.

 

" Les deux premiers sont tout à fait imprescriptibles. [...]

 

" La nature et le bon sens ne nous montrent point dans l'homme d'autres droits naturels et imprescriptibles. [...] Ils sont fort différents de ceux qui sont exposés dans la Déclaration ; il y en a dont cette déclaration ne parle pas, et dont elle devrait parler ; il y en a dont elle parle autrement qu'elle ne devrait en parler ; la sûreté et la propriété sont les seuls droits qu'on puisse rapporter à celui de la conservation de sa personne et de ses biens.

 

" Pourquoi nos législateurs en exposant les droits de l'homme et du citoyen, ont-ils omis de parler de ses droits les plus nobles et les plus essentiels à son bonheur, pour ne parler que de ceux qui lui seraient communs avec la brute, si la brute pouvait avoir des droits ? Ne devaient-ils pas envisager l'homme et le citoyen sous tous ses rapports ? Cette considération ne devait-elle pas les guider dans la confection de la loi ? N'influe-t-elle pas infiniment sur la conduite du citoyen ? On ne peut en douter.

 

" La sûreté et la propriété ne sont pas des droits nouveaux. On ne les a jamais contestés à l'homme, dans quelque gouvernement que ce fût, lors même que les citoyens y étaient le plus opprimés par l'abus du pouvoir. Ils appartiennent entièrement à l'ordre civil, et ne regardent que bien indirectement la Religion et les mœurs. C'est pourquoi nous n'en parlerons point.

 

" Il n'en est pas ainsi de l'Égalité et de la Liberté. Ce sont des droits tout à fait nouveau dans le sens où ils nous sont présentés. Nos législateurs n'ignoraient point que ces mots étaient susceptibles de différentes significations ; ils devaient donc en fixer le sens. La confusion dont ils s'enveloppent est, comme nous allons le voir, un piège pour nous faire tomber dans les erreurs les plus grossières et les plus nuisibles.

 

" Cette égalité et cette liberté qu'on nous présente comme des droits naturels et imprescriptibles méritent de notre part une attention particulière. Ces deux points sont la base de toute la Constitution nouvelle. Ils ont paru si considérables aux nouveaux législateurs, qu'ils font prêter serment à tous les citoyens qu'ils maintiendront jusqu'à la mort la Liberté et l'Égalité, et qu'ils ont substitué ce serment aux précédents.

 

" Art. 3 . - Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi.

 

" On ne peut exprimer d'une manière plus précise, qu'il y a parmi les hommes l'égalité la plus entière et la plus parfaite ; et cette égalité nous est présentée comme un droit naturel et imprescriptible.

 

" C'est dire que la nature a placé tous les hommes au même rang, qu'elle ne connaît entre eux aucune distinction, qu'elle ne soumet point un homme à un autre homme, et qu'un homme ne peut, sans violer les droits de la nature, s'arroger quelque supériorité sur un autre homme [et cela va très loin]. C'est dire encore que la Loi, quelle qu'elle soit, naturelle, divine, humaine, n'admet et ne reconnaît aucune distinction, aucune supériorité dans un homme sur un autre homme. L'une et l'autre propositions énoncés de cette manière, sont d'une fausseté manifeste.

 

" Examinons d'abord l'Égalité par rapport à la nature. Les hommes ont tous reçu de la nature, ou plutôt de Dieu comme auteur de la nature, les mêmes biens naturels et généraux, les mêmes droits naturels. Ils sont assujettis aux mêmes lois générales, sujets aux mêmes peines, etc. En cela ils sont tous égaux. Cette égalité de l'homme n'a jamais été contestée ; mais elle n'exclut en aucune manière la diversité des rangs et des conditions, et par conséquent elle ne favorise en rien les desseins que nos législateurs ont eu en déclarant une égalité parfaite parmi les hommes.

 

" La même nature qui rend les hommes égaux dans les choses essentielles à la nature de l'homme, a en même temps établi entre eux une grande inégalité ; elle les a subordonnés les uns aux autres, elle a voulu que les uns eussent l'autorité et que les autres leur fussent soumis. Cette inégalité est une suite de leur origine. Dieu ayant voulu que le genre humain prît naissance d'un seul homme et qu'il se multipliât de la même manière, dès lors il est divisé en deux classes, parents et enfants, les uns donnent, les autres reçoivent ; ceux-ci dépendent nécessairement de ceux-là. Et combien d'autres inégalités se rattachent à cette inégalité première !

 

" Examinons maintenant la chose par rapport à la Loi.

 

" Si les hommes ne sont pas égaux par la nature [encore faut-il être convaincu qu'il existe une nature humaine, ce que le monde des " savants " et des " philosophes " de l'an 2000 ne sait même plus], de cette égalité qui n'admettrait entre eux ni supériorité, ni distinction, comment le seraient-ils devant la Loi ? Quelle Loi verrait en eux une égalité qui n'est pas conforme à la nature ? Ce n'est pas certainement la loi naturelle ; cette loi n'est que la voix de la nature, ce n'est que par elle que l'Auteur de la nature intime à l'homme ce qui convient à sa nature [encore ne faut-il pas être athée ou matérialiste], qu'Il lui défend les choses qui lui sont contraires, et qu'Il lui permet les choses indifférentes. Ce n'est pas non plus la loi divine ; cette Loi étant émanée de ce même Dieu qui est l'Auteur de la nature, ne peut être contraire à ce que la loi naturelle nous a fait connaître.

 

" Je ne dirais rien ici de plus de cette loi divine positive, émanation de la Volonté libre de Dieu, par laquelle Il nous prescrit des devoirs qui ne sont pas contenus dans la loi naturelle - et qui nous sont connus par la Révélation - je n'en parlerais pas, dis-je, si parmi ceux qui pour lesquels j'écris, il ne se trouverait pas un grand nombre d'hommes qui rougiraient de renoncer au christianisme, et si on ne s'était pas prévalu contre eux des principes mêmes de la religion pour accréditer cette égalité indéfinie. Je dois leur montrer qu'ils ne peuvent admettre cette égalité sans travailler, de concert avec nos législateurs, à abolir la religion de Jésus-Christ [avis donc aux chrétiens " qui ne craignent pas de faire entre l'Évangile et la Révolution des rapprochements blasphématoires " - S. Pie X, Let sur le "Sillon", 25 août 1910].

 

" Je dis donc de la loi divine ou, ce qui revient au même, de la Religion révélée qui nous la fait connaître, comme je l'ai dit de la Nature, qu'elle admet une égalité essentielle parmi les Chrétiens. Tous sont enfants de Dieu, régénérés en Jésus-Christ par le Baptême, tous appartiennent à Jésus-Christ et à son Église. Mais cette égalité n'empêche pas qu'il y ait entre eux de grandes inégalités. Les grâces, les vertus, les mérites ne sont pas égaux, les desseins de Dieu et son choix sont différents ; l'état des uns n'est pas celui des autres. Nier cette inégalité, c'est nier les principes les plus certains ; c'est saper par les fondements le Dogme et la Morale.

 

" Mais sans le Sacerdoce la Religion de Jésus-Christ ne peut subsister. Ainsi, vouloir renverser le sacerdoce, comme introduisant parmi les hommes une inégalité odieuse et incompatible avec l'égalité naturelle et imprescriptible de l'homme, c'est vouloir anéantir Jésus-Christ ; et, par une conséquence manifeste, admettre l'égalité indéfinie de nos législateurs, une égalité qui rejette toute distinction, c'est, en réalité, admettre un principe destructeur de la Religion de Jésus-Christ. Il faut donc en convenir, l'égalité dont parle la Déclaration est rejetée par la loi divine, comme elle l'est par la loi naturelle.

 

" Mais pourrait-elle être reconnue par la loi civile ? Il est impossible qu'elle le soit. La loi civile est essentiellement subordonnée à la loi naturelle et à la loi divine ; il est donc impossible qu'elle admettre rien de contraire à ces lois. [...] Une loi civile suppose un gouvernement quelconque. Un gouvernement ne peut subsister sans quelque autorité constituée, sans subordination, sans diversité d'emplois ; tout cela entraîne la diversité des rangs et des conditions, et fait par conséquent disparaître la chimère d'égalité dont on berce le peuple ; si cette chimère pouvait se réaliser il n'y aurait pas de gouvernement, il n'y aurait pas de loi civile, parce qu'il n'y aurait personne pour veiller à son exécution.

 

" [...] D'ailleurs combien y a-t-il de citoyens qui, faute de talents et d'éducation, ne peuvent être admissibles aux emplois publics ? Combien pour qui la protection des lois se réduit à bien peu de chose ? [...] Ce n'est donc point cela seulement qu'on a voulu faire entendre par le droit d'égalité. Les conséquences qu'on a tirées de ce droit et de celui de la liberté, pour ruiner la Monarchie et la Religion, le démontrent suffisamment.

 

" Art. 5. - Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois publics. Les Peuples libres ne connaissent d'autres motifs de préférence dans leurs élections, que les vertus et les talents.

 

" Je ne vois rien que d'honnête dans une égale admissibilité des citoyens aux emplois publics. Cela peut exciter en eux une louable émulation, qui ne saurait manquer de contribuer au bien et à la gloire de la chose publique.

 

" [...] Peut-être était-ce un des points qui parmi nous avait le plus besoin de réforme. Mais cette réforme pouvait s'effectuer sans que tout fût bouleversé. [...]

 

" Le mal est que nos législateurs comptent ce droit d'admissibilité parmi les droits naturels et imprescriptibles, ce qui suppose qu'il est commun à tous les hommes de tous les pays, quelles que soient les lois et la forme du gouvernement sous lequel ils vivent [et ainsi de convaincre les hommes du nec plus ultra d’un gouvernement mondial et de nous y conduire] . N'est-ce pas là chercher à soulever les peuples chez qui cette loi n'est pas reçue ?

 

" [...] J'omets à dessein les raisons politiques qui combattent l'égalité indéfinie parmi les citoyens et qui montrent que cette égalité ne pourrait subsister longtemps, vu la grande inégalité que la nature a mise parmi les hommes ; qu'elle atteindrait bientôt le droit de propriété, parce que ceux qui se regardent comme égaux en toute autre chose, croiront aussi devoir l'être dans les biens de la fortune, prétention dont on a déjà vu des effets ; enfin qu'elle serait une source éternelle intarissable de troubles pour la Société.

 

" Art. 6. - La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui. Elle a pour principe la nature, pour règle la Justice, pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait.

 

" [...] La Liberté, nous dit-on, est le pouvoir qui appartient à tout homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui. Cette action est vraiment nouvelle. Un peu de réflexion nous montrera combien elle est fausse et désastreuse dans ses conséquences.

 

" [...] On peut licitement faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui ; c'est un droit naturel et imprescriptible de l'homme, c'est un droit inhérent à sa nature, qu'on ne peut lui ravir et dont on ne peut, sans tyrannie, empêcher à l'homme la jouissance.

 

" Donc, toutes les lois divines, ecclésiastiques, civiles, qui lui interdisent quelque chose que ce soit qui ne blesse pas les droits d'autrui, sont des lois injustes et tyranniques. Il en est affranchi par le droit naturel, imprescriptible, de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui. Et parce que, selon nos législateurs, tout ce qui n'est pernicieux qu'à son auteur, tout ce qui n'est contraire qu'à l'honnêteté naturelle, tout ce qui n'outrage que Dieu, ne nuit point aux droits d'autrui, l'homme a le droit de se permettre toutes ces choses. Il peut dire, imprimer contre Dieu, contre Jésus-Christ, contre la Religion, les blasphèmes les plus impies ; tenir contre les mœurs les propos les plus licencieux ; publier contre la Vérité les erreurs les plus évidentes ; adorer les idoles, les animaux, les démons ; adopter et exercer tel culte qu'il voudra sans que personne puisse le trouver mauvais. [...]

 

" Art. 7. - Le droit de manifester sa pensée et ses opinions [ou nos débordements dans tous les domaines], soit par la voie de la presse, soit de toute autre manière, le droit de s'assembler paisiblement, le libre exercice du Culte, ne peuvent être interdits.

 

" [...] Voici la maxime qui exprime entièrement la limite absolument nécessaire à l'usage que l'homme peut faire de sa liberté : ' Ne fais rien de ce qui est contraire à la loi naturelle et à la loi divine ' ; et plus clairement encore : ' Ne fais rien d'injurieux à Dieu, de nuisible au prochain et de funeste à toi-même '. On voit par là que la maxime qu'on a citée n'exprime qu'en partie la limite morale de la liberté, et ce n'est pas sans dessein, puisqu'on prétend affranchir l'homme du joug de la loi naturelle et de la loi divine, et que c'est dans cet affranchissement qu'on fait consister sa liberté.

 

" D'ailleurs, en nous citant cette maxime sacrée, il eût fallu, pour en faire sortir tout son poids, nous la présenter comme un point essentiel de cette loi naturelle que Dieu a gravée dans le cœur de tous les hommes, loi qu'Il intime à chacun d'eux par le moyen de sa propre conscience, et par laquelle Il lui prescrit d'agir d'une manière conforme à la raison. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? C'est qu'ils ne pouvaient rappeler l'idée de la loi de Dieu sans porter un coup mortel à celle qu'ils voulaient établir. [...]

 

Art. 4. - La loi est l'expression libre et solennelle de la volonté générale. Elle est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse ; elle ne peut ordonner que ce qui est juste et utile à la Société ; elle ne peut défendre que ce qui lui est nuisible.

 

" La définition qu'on donne ici de la loi est générale, rien n'indique le contraire, et il convenait qu'elle le fût dans une déclaration des droits de l'homme, afin qu'on pût connaître jusqu'où s'étendent ces droits. Cette définition doit donc convenir à toute espèce de loi, car telle est la nature de la définition. Or, il est évident que cette définition ne convient ni à la loi naturelle, ni à la loi divine, ni à la plupart des lois humaines. Elle ne convient point à la loi naturelle, puisque celle-ci n'est pas libre, étant essentiellement conforme à la Volonté immuable, éternelle, de la Souveraine Sagesse qui n'est autre que Dieu. Elle ne convient pas à la loi divine, - qui est libre dans ses dispositions, car il s'agit de loi positive, - parce qu'elle provient uniquement de la Volonté souveraine de Dieu et ne dépend nullement de la volonté générale de ceux à qui la loi est donnée. [...]

 

" Ainsi, par leur définition, nos législateurs rejettent la loi naturelle, la loi divine et la plupart des lois humaines. [...]

 

" Mais restreignons cette définition à quelque chose de moins général, supposons qu'on a prétendu définir que la loi humaine. Cela suffirait-il pour faire disparaître toute espèce d'iniquité ? Non, pas tout à fait ; parce qu'il est essentiel à toute loi humaine d'être appuyée sur la loi naturelle et divine. Sans cet appui, elle ne peut obliger, elle ne peut être loi. Il était donc nécessaire d'ajouter cette clause à la définition de la loi : pourvu que la volonté générale soit conforme ou du moins n'ait rien de contraire à la loi naturelle et divine. [...]

 

" [...] D'où la volonté générale tirera-t-elle, pour obliger les hommes à l'obéissance, une autorité sans laquelle il n'y a point de loi ? Ce n'est pas d'elle-même, il n'y a que Dieu qui tienne son autorité de Lui-même. Ce n'est pas non plus des hommes, parce que se soumettre à la volonté générale, lui donner l'autorité de commander, c'est aliéner sa liberté, c'est enchaîner le pouvoir qu'on a de ' faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui ', ce qui est chose impossible, la liberté étant un ' droit imprescriptible '. Il n'y aurait donc plus de loi.

 

" [...] Si par volonté générale on entend que la volonté du plus grand nombre [abstraction d'ordre quantitatif : deuxième degré d'abstraction dont la matière, par elle-même inerte et aveugle, est la source ou le fondement, quantité et qualité étant irréductibles l'une à l'autre, parce que la quantité n'explique rien et que la qualité se rattache à la forme qui en est la source ou le principe et l'explication], alors je ne suis plus libre ; je n'ai plus ce pouvoir imprescriptible de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui. Ma volonté se perd, elle est abîmée dans un concours immense de volontés étrangères ; et je suis contre mon gré, irrésistiblement obligé de faire la volonté des autres.

 

" [...] La définition que nos législateurs nous donnent de la loi est donc bien mal imaginée, puisque leur but, en nous la donnant, était de sauver au moins l'apparence de leur liberté et qu'elle ne la sauve en aucune manière. Elle n'en est plus la sauvegarde, elle en est l'anéantissement. Le mensonge est de soi l'iniquité. [...]

 

" Disons-le hardiment parce que la chose est notoire. Dans toutes nos Assemblées, nos représentants se sont arrogés un pouvoir qu'on ne leur avait pas donné, et qu'on n'avait pu leur donner. Leur choix n'avait pas été celui du plus grand nombre. Les élections n'avaient point été libres, au moins quant aux deux dernières législatives. Tout ce qu'il y avait d'honnête dans la Nation n'y avait point concouru : elles ont été l'ouvrage de l'intrigue et de la cabale ; et comme l'intrigue et la cabale sont la science des méchants, ceux-ci y ont présidé, ils ont réuni tous les suffrages ; ils ont été nommés les représentants de la Nation, et ils l'ont été par eux-mêmes. Parmi eux, ceux qui étaient les plus méchants l'ont emporté. Eux seuls ont fait la loi ; et l'expression de leur volonté est ce qu'ils appellent l'expression libre et solennelle de la volonté générale. [...]

 

" On dit de la loi qu'elle ne peut ordonner que ce qui est juste et utile à la Société [comme les jeux d'argent, les intérêts usuraires, les spectacles immoraux, le divorce, le concubinage ou l'adultère légalisé, l'avortement, le ménage avalisé des homosexuels, etc. ?], qu'elle ne peut défendre que ce qui lui est nuisible. Cette maxime est vraie par rapport aux lois qui sont appuyés sur la loi naturelle et la loi divine. Mais attribuer la même chose à des lois qui seraient seulement l'expression de la volonté générale des hommes, sans aucun rapport à la Volonté divine, c'est dire que des hommes sont par eux-mêmes incapables de se tromper, incapables de vouloir rien de mal ; c'est leur attribuer une infaillibilité, une sagesse, qui n'appartiennent qu'à Dieu, et ne viennent que de Dieu. [...]

 

" Nous ne nierons pas que, dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, il n'y ait plusieurs choses justes et utiles, ce sont celles qui sont conformes à la Jurisprudence commune et ordinaire. Ce mélange était nécessaire pour faire illusion [cf. les Exercices spirituels de S. Ignace de Loyola relatifs aux règles du discernement des esprits et tout particulièrement à la règle 332 pour mieux connaître le propre de l'ange mauvais qui se déguise en ange de lumière en proposant de bonnes choses ou de saintes et bonnes pensées et qui, peu à peu, attire l'âme dans ses pièges secrets et ses intentions perverses]. Mais combien en est-il encore que nous pourrions relever comme contraires à la Religion, au bien de la Société et aux bonnes mœurs ? [...]

 

Art. 25. - La souveraineté réside dans le Peuple.

 

" [...] Mais prétendre que la souveraineté réside tellement dans le Peuple, que c'est un droit imprescriptible et inaliénable du peuple, et qu'elle ne pourrait être en d'autres mains sans une usurpation tyrannique, c'est une fausseté pernicieuse, c'est condamner tous les siècles, et presque tout le genre humain ; c'est vouloir exciter tous les peuples contre leurs Souverains [les catholiques contre le Pape, par exemple] et contre toute espèce de gouvernement qui ne serait pas purement démocratique [à l'instar de la divine constitution de la Sainte Église catholique]. Que si, de plus, on prétend que, même dans le gouvernement démocratique, la Souveraineté appartient tellement au Peuple qu'elle ne dérive pas de la volonté libre de Dieu, qui dispense parmi les hommes les pouvoirs comme il Lui plaît ; si l'on prétend qu'il ne puisse y avoir parmi les hommes d'autres formes de gouvernements, où la souveraineté soit entre les mains d'un seul homme ou de plusieurs hommes, c'est une assertion qui révolte la raison, et qui choque toutes les idées qu'elle se forme de la Puissance divine.

 

" Nous pourrions étendre plus loin nos réflexions sur la Déclaration des droits de l'homme. Nous pourrions montrer combien nos législateurs eux-mêmes l'ont violée dans tout ce qu'elle pouvait avoir de favorable aux partisans de la Religion, de la Justice et de la Vérité [et cela se voit comme le nez au milieu du visage]. Notre objet n'a pas été de censurer leur conduite, mais leurs principes [il ne s'agit même que de cela, car tout homme est pécheur - cf. I S. Jean, 1 : 10], et de montrer combien cette Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est contraire à la Religion et aux mœurs. Il était important d'éclairer mes concitoyens sur cette matière, à laquelle plusieurs d'entre eux ne font pas assez attention.

 

" Nos réflexions ont rempli suffisamment cet objet. Nous ne voyons pas qu'on puisse les lire avec quelque soin, sans reconnaître que cette Déclaration couvre la Vérité d'un voile ténébreux : qu'elle tend au renversement total de la Religion de Jésus-Christ [c'est même sa seule raison d'être, tout le reste n'étant que de faux prétextes pour mieux tromper les personnes de bonne volonté, ce qui est prouvé par l'histoire des sociétés secrètes] ; qu'elle est dans ses points principaux tout à fait opposée au Saint Évangile ; qu'elle affranchit l'homme de tous les devoirs que la loi, même naturelle, lui impose par rapport à Dieu ; enfin qu'elle est un véritable amas d'impiétés et d'immoralités.

 

" [...] Si malheureusement les ténèbres qu'on s'est proposé de propager, par le moyen de cette Déclaration des droits de l'homme, venaient à se répandre sur la terre ; si la plupart des hommes s'en laissaient envelopper, alors nous serions arrivés à ces temps malheureux, où selon la terrible parole des Livres sacrés, le soleil de la Vérité sera obscurci [cf. Apocalypse, 6 : 12 - quand on observe ce qui se passe en l'an 2000, on peut se poser bien des questions]. "

 

Achevé le 7 août 1793.

 

Les vrais " Principes de 1789 ", Rapport du Comité de Constitution de l'Assemblée Constituante, séance du lundi 27 juillet 1789, résumant le dépouillement des Cahier de doléances exprimant la volonté de huit millions d'électeurs :

 

PRINCIPES AVOUÉS ET UNANIMEMENT RECONNUS :

 

Art. 1er - Le Gouvernement Français est un Gouvernement Monarchique.

Art. 2 - La Personne du Roi est inviolable et sacrée.

Art. 3 - La Couronne est héréditaire de mâle en mâle.

Art. 4 - Le Roi est dépositaire du Pouvoir exécutif.

Art. 5 - Les Agents de l'Autorité sont responsables.

Art. 6 - La sanction Royale est nécessaire pour la promulgation des Lois.

Art. 7 - La Nation fait la Loi avec la sanction Royale.

Art. 8 - Le consentement national est nécessaire à l'emprunt et à l'impôt.

Art. 9 - L'impôt ne peut être accordé que d'une tenue d'États-Généraux à l'autre.

Art. 10 - La Propriété sera sacrée.

Art. 11 - La Liberté individuelle sera sacrée.

 

Notons bien que trois ans plus tard, ces principes furent violés par une minorité infime de conspirateurs et sophistes de l'impiété et de la rébellion au nombre desquels se trouvaient des membres issus des arrière-Loges de la Franc-Maçonnerie qui avaient fait secrètement le serment de renverser le trône et l'autel en égarant monstrueusement l'opinion et dont le fatal secret se réduisait à ces deux mots, égalité et liberté, mais vus en réalité dans l'optique jacobine ou par la lorgnette de Lucifer plaçant son bien en lui (ou dans l'homme), et non en Dieu, le Souverain Bien. 

 

Le 13 août 1792, la foule des émeutiers ayant formé la commune insurrectionnelle de Paris dans la nuit du 9 au 10 août, fait incarcérer Louis XVI dans la Tour du Temple avec son épouse, la Reine Marie-Antoinette, leurs deux enfants et Madame Elisabeth, la soeur du Roi, et contraint l'Assemblée législative terrorisée par la pression minoritaire des Jacobins à suspendre illégalement le Roi constitutionnel des Français. Le signataire parjure est le nommé Lecointe-Puyraveau, avocat, député des Deux-Sèvres et futur conventionnel régicide. (Documents et ouvrages à consulter : Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, en 2 volumes, par l'abbé Augustin Barruel (1741-1820), à la Diffusion de la Pensée Française, Chiré-en-Montreuil, 86190 Vouillé, 1974, et Xavier de Roche, Louis XVII - Des Documents... Des Faits... Des Certitudes, 923 pages (15,9/24,9), Éditions de Paris, 7, rue de la Comète, 75007 - Paris, 1987.)

 

Pape Pie VI (1775-1799), Let. Quod aliquantum, 10 mars 1791 - au cardinal De la Rochefoucauld et aux Évêques de l'Assemblée Nationale de France :

 

" Malgré des principes généralement reconnus dans l'Église, l'Assemblée Nationale s'est attribuée la puissance spirituelle lorsqu'elle a fait tant de nouveaux règlements contraires au dogme et à la discipline. Mais cette conduite n'étonnera pas ceux qui observeront que l'objet nécessaire de la constitution décrétée par l'assemblée est d'anéantir la religion catholique et avec elle, l'obéissance due aux rois. C'est dans cette vue qu'on établit, comme un droit de l'homme en société, cette liberté absolue qui non seulement assure le droit de ne pas être inquiété sur ses opinions religieuses, mais qui accorde encore cette licence, de dire, d'écrire et même de faire imprimer impunément en matière de religion tout ce que peut suggérer l'imagination la plus déréglée ; droit monstrueux qui paraît cependant résulter à l'assemblée de l'égalité et de la liberté naturelles à tous les hommes. Mais que pouvait-il y avoir de plus insensé que d'établir parmi les hommes cette égalité et cette liberté effrénée qui semble étouffer la raison, le don le plus précieux que la nature ait fait à l'homme et le seul qui le distingue des animaux ? [...]

" Où est donc cette liberté de penser et d'agir que l'Assemblée Nationale accorde à l'homme social comme un droit imprescriptible de la nature ? Ce droit chimérique n'est-il pas contraire aux droits du Créateur suprême à qui nous devons l'existence et tout ce que nous possédons ? [...]

" Mais pour faire évanouir aux yeux de la saine raison ce fantôme d'une liberté indéfinie, ne suffit-il pas de dire que ce système fut celui des Vaudois et des Béguards, condamnés par Clément V avec l'approbation du concile œcuménique de Vienne [infaillible] : que dans la suite, les Wicléfites et enfin Luther se servirent du même appas d'une liberté effrénée pour accréditer leurs erreurs : ' nous sommes affranchis de toute espèce de joug ', criait à ses prosélytes cet hérétique insensé. Nous devons cependant avertir qu'en parlant ici de l'obéissance due aux puissances légitimes, Notre intention n'est pas d'attaquer les nouvelles lois civiles auxquelles le roi a pu donner son consentement, comme n'ayant de rapport qu'au gouvernement temporel dont il est chargé : Nous n'avons pas pour but, en rappelant ces maximes, de provoquer le rétablissement du régime ancien de France : le supposer serait renouveler une calomnie qu'on a affecté jusqu'ici de répandre afin de rendre la religion odieuse : Nous ne cherchons, vous et Nous, qu'à préserver de toute atteinte les droits de l'Église et du Siège apostolique. [...]

 

Id., Encyclique Adeo nota, 23 avril 1791 - à l'évêque d'Aléria, sur la déclaration des Droits de l'homme :

 

" [...] Il est inutile de parler ici en détail de toutes les délibérations qui ont été prises par l'assemblée du Comtat. Il nous suffit de rappeler :

 

" 1) Les 17 articles sur les Droits de l'homme de la déclaration faite par l'Assemblée nationale de France de ces mêmes droits, si contraires à la religion et à la société, et que l'Assemblée du Comtat n'a adopté que pour en faire la base de sa nouvelle Constitution ; [...].

 

Id., Allocution au Consistoire, 17 juin 1793 - sur les origines et les principes de la Révolution française :

 

" Comment Notre voix n'est-elle point étouffée en ce moment par Nos larmes et Nos sanglots ? N'est-ce pas Nos gémissements, plutôt que par Nos paroles, qu'il Nous convient d'exprimer cette douleur sans bornes que Nous sommes obligé d'épancher devant vous, en vous retraçant le spectacle de cruauté et de barbarie que l'on vit à Paris le 21 du mois de janvier dernier ? Le roi très chrétien Louis XVI a été condamné au dernier supplice par une conjuration impie, et ce jugement s'est exécuté.

" Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de cette sentence. La Convention nationale n'avait ni droit ni autorité pour la prononcer. En effet, après avoir aboli la monarchie, le premier des gouvernements, elle avait transporté toute la puissance publique au peuple, qui ne se conduit ni par la raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idées justes, apprécie peu de choses selon la vérité, et en évalue un grand nombre d'après l'opinion [que les mass media engendrent dans les esprits par des informations tronquées, parfois erronées et souvent subrepticement communiquées sous forme conditionnelle, et par des commentaires ou des interprétations tendancieuses, personnelles ou subjectives] ; qui est toujours inconstant, facile à être trompé, entraîné à tous les excès, ingrat, arrogant, cruel ; qui se réjouit dans le carnage et dans l'effusion du sang humain, et se plaît à contempler les anciens allaient voir les gladiateurs expirer dans leurs amphithéâtres [la télévision nous inonde toujours de ce genre de spectacles]. La portion la plus féroce de ce peuple, peu satisfaite d'avoir dégradé la majesté de son roi, et déterminée à lui arracher la vie, voulut qu'il fût jugé par ses propres accusateurs, qui s'étaient déclarés hautement ses plus implacables ennemis.

" [...] L'Assemblée générale du clergé de France de 1745 avait découvert et dénoncé les abominables complots de tous ces artisans d'impiété. Et Nous-même, dès le commencement de Notre pontificat, prévoyant les exécrables manœuvres d'un parti si perfide, Nous annonçâmes le péril imminent qui menaçait l'Europe, dans Notre Lettre encyclique adressée à tous les évêques de l'Église catholique, auxquels Nous parlions en ces termes : ' Arrachez le mal du milieu de nous, c'est-à-dire éloignez de la vue de vos troupeaux, avec une grande force et une continuelle vigilance, tous ces livres empestés '. Si l'on eût écouté Nos représentations et Nos avis, Nous n'aurions pas à gémir maintenant des progrès de cette vaste conspiration tramée contre les rois et contre les empires. [...]

" Aussi a-t-on publié, dans la vie imprimée de l'impie Voltaire, que le genre humain lui devait d'éternelles actions de grâces, comme au premier auteur de la Révolution française [ce que l'abbé Augustin Barruel a confirmé par ses recherches historiques]. C'est lui, dit-on, qui, en excitant le peuple à sentir et à employer ses forces, a fait tomber la première barrière du despotisme, le pouvoir religieux et sacerdotal. Si l'on eût pas brisé ce joug, on n'aurait jamais brisé, ajoute-t-on, celui des tyrans. L'un et l'autre étaient si étroitement unis, que le premier une fois secoué, le second devait l'être bientôt après. En célébrant comme le triomphe de Voltaire la chute de l'autel et du trône, on exalte la renommée et la gloire de tous les écrivains impies, qui apparaissent comme autant de généraux d'une armée victorieuse. Après avoir ainsi entraîné, par toutes sortes d'artifices, une très grande portion du peuple dans leur parti, pour mieux l'attirer encore par leurs œuvres et par leurs promesses, ou plutôt pour en faire leurs jouets dans toutes les provinces de la France, les factieux se sont servis du mot spécieux de liberté ; ils en ont arboré les trophées et ils ont invité la multitude à se réunir sous ses drapeaux qu'ils ont déployés de tous côtés. [...]

" Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot faux et trompeur de liberté un autre mot qui ne l'est pas moins, celui d'égalité ; comme si, entre des hommes réunis en société et pourvu de facultés intellectuelles si différentes, ayant des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de leur convoitise individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunît la force et l'autorité nécessaires pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s'en écartent, afin que la société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit pas précipitée dans l'anarchie et ne tombe pas entièrement en dissolution. [...]

" C'est de ce laboratoire qu'est sortie cette constitution sacrilège que nous avons réfutée dans notre réponse, du 10 mars 1791, à l'exposition de principes qui nous avait été soumise par trente évêques. [...] Tous les Français qui se montraient encore fidèles dans les différents ordres de l'État, et qui refusaient avec fermeté de se lier par un serment à cette nouvelle Constitution, étaient aussitôt accablés de revers et voués à la mort. On s'est hâté de les massacrer sans distinction. On a fait subir les plus barbares traitements à un grand nombre d'ecclésiastiques. On a égorgé des évêques, alors que si l'on veut savoir avec quelle piété, avec quel respect on doit les vénérer, on peut l'apprendre par l'exemple de Jésus-Christ lui-même qui, selon la remarque de saint Cyprien, ' honora constamment jusqu'au jour de sa mort, les pontifes et les prêtres, quoiqu'ils n'eussent pas conservé la crainte de Dieu et qu'ils n'eussent pas reconnu le Messie '. On a immolé un grand nombre de Français de toute condition. Ceux qu'on permettait avec moins de rigueur étaient arrachés de leurs foyers et relégués dans des pays étrangers [et tout particulièrement en Angleterre, véritable terre d'asile qui méritera toujours la reconnaissance des Français catholiques - ne soyons pas ingrats !], sans distinction d'âge, de sexe, ni de rang. On avait décrété que chacun serait libre d'exercer la religion qu'il choisirait, comme si toutes les religions également au salut éternel ; et cependant la seule religion catholique était proscrite. [...]

" Ah ! encore une fois, France ! tu demandais toi-même auparavant un roi catholique. Tu disais que les lois fondamentales du royaume ne permettaient point de reconnaître un roi qui ne fût pas catholique. Et maintenant que tu l'avais, ce roi catholique, c'est précisément parce qu'il était catholique que tu viens de l'assassiner ! "

Oublions une fois pour toutes les querelles ou les divergences de vues des uns et des autres, et retenons tout ce qui est vrai en ne laissant pas passer ce qui mérite d'être cité pour une meilleure compréhension des sujets qui nous préoccupent, savoir la morale et la politique.

 

Edgar Poe, Colloque entre Monos et Una :

 

" En dépit de la voix haute et salutaire des lois de gradation qui pénètrent si vivement toutes choses sur la terre et dans le ciel, des efforts insensés furent faits pour établir une démocratie universelle."

 

Ernest Renan, Lettre du 14 janvier 1852 :

 

" Croiriez-vous que, dans la fièvre des premiers jours, j'étais presque devenu légitimiste, et que je suis encore bien tenté de l'être s'il m'est démontré que la transmission héréditaire du pouvoir est le seul moyen d'échapper au césarisme, conséquence fatale de la démocratie, telle qu'on l'entend en France."

 

 

 

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