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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 17:07

 

R. P. Jean-Baptiste Scaramelli, S. J., Méthode de Direction Spirituelle ou L’Art de conduire les âmes à la perfection chrétienne par les voies ordinaires de la grâce, IIIe Traité : Des dispositions prochaines pour la perfection chrétienne, ou des vertus morales qu'il faut acquérir, Art. XI : De l’Humilité, chapitre VIII, paragraphe 568, pp. 437-429, Lib.-Édit. J. Vermot, Paris, 1857 :

 

568. Troisième avertissement. L’humilité surnaturelle et véritable qui descend du ciel consiste dans un certain mépris de soi-même, naît de la connaissance du néant , des vices et des misères de la nature humaine, et porte l’homme à se soumettre en paix avec tranquillité, non seulement à Dieu, mais encore à ses semblables, comme nous l’avons démontré dans les chapitres précédents. Voyon maintenant comment il faut exercer cette soumission :

Premièrement, envers Dieu. Après s’être mise en la présence de son Seigneur, l’âme doit d’abord élever ses regards vers la grandeur infinie de Dieu, et les reporter ensuite sur sa propre bassesse ; puis, à la vue de cette majesté suprême comparée aux misères qu’elle aperçoit en elle-même, elle s’abaissera, se méprisera et s’abîmera dans son propre néant, autant qu’il lui sera possible, à la lumière de cette clarté céleste. Saint Ignace veut que nous considérions comme étant, aux yeux de Dieu, un ulcère ou un apostème d’où coulent de tous côtés la sanie et le pus de nos péchés (a). Saint Vincent Ferrier exige même que nous regardions comme un cadavre fétide et déformé par tant de péchés que nous avons commis, et que nous nous étonions de voir que le Seigneur ait pu aimer un être aussi abominable.

Secondement, avouons, du fond de notre cœur, que tout le bien dont nous jouissons n’est point à nous, mais à Dieu ; que nous devons, par conséquent, lui en rapporter tout l’honneur, toute la gloire, et nous attribuer à nous-mêmes notre néant, ainsi que la corruption de nos péchés, plus odieuse même que le néant.

Troisièmement, réjouissons-nous intérieurement de n’être rien et qu’il soit tout ; de ne rien pouvoir, et qu’il puisse tout ; de n’avoir aucun bien, et qu’il soit tout notre unique et souverain bien.

Quatrièmement, repentons-nous, comme d’un vol considérable, de lui avoir dérobé la chose la plus précieuse, c’est-à-dire sa propre gloire, en nous complaisant dans les qualités et les prérogatives dont il nous a doués, ou en nous attribuant les louanges qui lui étaient dues : hâtons-nous alors de lui restituer l’honneur que nous lui avons ravi et disons-lui de tout notre cœur : « À vous seul l’honneur et la gloire ».

Cinquièmement, rendons-lui aussi toute la gloire que tous les hommes orgueilleux lui ont refusée jusqu’à présent, et avouons sincèrement qu’elle lui est due tout entière, non seulement comme au premier principe et à la source de tout bien, mais encore comme à la fin dernière vers laquelle nous devons tendre avec tout ce que nous avons reçu.

Sixièmement, rougissons d’avoir osé nous élever orgueilleusement, tandis que les anges et les bienheureux du ciel s’abîmaient dans leur néant et reconnaissaient leur souveraine pauvreté.

Septièmement, craignons que Dieu ne nous retire ses dons, ou qu’il permette que nous en abusions pour notre perte.

Huitièmement, formons la ferme et inébranlable résolution, non seulement de ne jamais ambitionner de louange, d’honneur ou d’estime propre, mais encore d’éviter de notre part autant que possible tout ce qui pourrait nous les attirer, comme par exemple les dignités, les charges honorables : car, selon saint Bernard, « il faut fuir et détester la présomption, qui vous porte peut-être à rechercher sciemment, avec réflexion, la gloire du bien qui ne nous appartient pas, et à ravir impudemment l’honneur d’un autre, en vous attribuant ce que vous savez très bien ne pas vous appartenir. » Le saint docteur ajoute ensuite : « C’est en effet un acte d’orgueil et un très grand péché que de se servir des dons comme d’une chose qu’on tient de soi et de se glorifier des bienfaits qu’on a reçus » (b).

a) Cf. Exercices spirituels, Première semaine, Second exercice : La méditation des péchés, paragraphe 58, Le troisième point, 5° ;

b) De Dilig. Dei.  

 

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