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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 19:38

 

Certaines personnes ont nié la valeur démonstrative développée par l’abbé Francesco Maria Palladino dans son livre intitulé « Petrus es tu ? » contre la thèse de Cassiciacum lorsqu’il reprend l’exemple de la table pour mieux nous le faire comprendre. Elles ont peut-être lu le « De principiis » du Docteur Angélique, mais elles n’en ont pas encore extrait la substantifique moelle pour aller plus avant, car cet opuscule doit être considéré comme une propédeutique à la métaphysique (science suprême) de saint Thomas, c’est-à-dire à l’étant ou à ce-qui-est en tant que tel. « Cet exemple est impropre, prétextent-elles, car la table n’est pas une personne. » En réalité, elles ont tout simplement prouvé leur ignorance philosophique en confondant l’analogie et l’univocité ainsi que la nature et la personne (substance individuelle entièrement incommunicable et autonome qui s’ajoute à la nature spécifique, principe intrinsèque de tout mouvement – sinon il faudrait soutenir qu’il y a deux personnes en Jésus-Christ, qui, selon la doctrine catholique, est composé à la fois d’une nature divine et d’une nature humaine, i.e. d’une nature théandrique, mais ne faisant qu’une seule personne).

Trois « petites » phrases des « Principes de la réalité naturelle » de saint Thomas d’Aquin auraient dû attirer leur attention. Les deux premières étant : « Comme le dit Aristote dans le seconde livre métaphysique, tout ce qui agit (omne quod agit), n’agit pas sans but ; il faut donc (oportet) un autre quatrième principe (après la matière, la forme et la privation), à savoir ce à quoi tend un opérateur : et celui-ci est dit la fin (et hoc dicitur finis). De ce que tout agent, naturel ou volontaire (tam naturale quam voluntarium), agisse en fonction d’une fin, il ne s’ensuit pas que tout agent connaisse cette fin ou qu’il en délibère (non tamen sequitur quod omne agens cognoscat finem, vel deliberet de fine). » (a) La troisième phrase étant : « Or l’être n’est pas un genre, car l’être se dit des divers êtres non d’une manière univoque mais d’une manière analogue (Ens autem non est genus, quia non praedicatur univoce, sed analogice.) ».

Ces critiques, en présentant leurs fallacieux arguments, n’ont pas réalisé qu’ils s’opposaient de surcroît indirectement aux preuves de l’existence de Dieu que l’on trouve dans la Ire Partie de la Somme théologique de saint Thomas (question 2, article 3, conclusion) où le Docteur Angélique utilise les causes motrices (ex parte motus), efficientes (causae efficientis) et finales (omnes res naturales ordinantur ad finem) qu’on remarque dans les choses dans ce monde (in hoc mundo), - sans parler des Physiques d’Aristote commentés par lui (Livre II, La nature, ses causes et sa finalité).

Tout cela nous paraît peu sérieux pour des catholiques qui se réclament de la Tradition. Ils devraient y prendre garde. - Cf. l’extrait du livre « Petrus es tu ? » de l’abbé Palladino contre la thèse de Cassiciacum : pallcass.htm

 

a)  Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Somme théologique, 1a-2æ, question I, article 2 : « De l’ultime fin de l’homme », « Agir pour une fin est-il propre à la nature raisonnable ? » : « Mais contre  [« Sed contra » - ceux qui répondent négativement] le Philosophe (Aristote) prouve (probat) dans la Physique (II, chapitre 8), que “ non seulement l’intellect, mais encore la nature agit en vue d’une fin ” (non solum intellectus, sed etiam natura agit propter finem). »

 

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Un petit rappel à l’intention des scolastiques

 

« Autre chose est l’existence (anniya), autre chose la quiddité (mâhiya : la nature, le quod quid erat esse, nature, i.e. ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est) » (Avicenne, philosophe arabe, 980-1037, fréquemment cité par saint Thomas, Le livre de science, I, p. 27, 2 vol., trad. M. Achena et H. Massé, Les Belles Lettres, 1955 et 1958). L’étant ou « un quelque qui est » (aliquid quod est) va en effet au-delà du genre qui diffère des espèces (ens non habet aliquam differentiam ut probatur in III Metaphysicæ : « l’étant n’a pas de différence, comme il est prouvé au livre III de la Métaphysique » : De Veritate, art. X ; De ente et essentia : De l’être et de l’essence, Introduction ; cf. également Porphyre, philosophe néo-platonicien, né à Tyr, en 232 ou 233, Isagoge, Introduction, Du genre, Librairie Philosophique J. Vrin, 1947).

 

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Contre la thèse de CASSICIACUM de Mgr Gérard des Lauriers

Par

Don Francesco Maria Paladino

Dans son livre « PETRUS ES TU ? »

Pages 177 à 180

Aux Éditions Delacroix (2000)

[ce qui est entre crochets n’est pas de l’auteur]

 

Mgr Guérard des Lauriers et les tenants de sa thèse cherchent à résoudre le problème de la visibilité et de la succession apostolique en alléguant que Jean-Paul II [ou Benoît XVI, le suivant, qui est de la même veine] serait pape materialiter mais non formaliter.

Ils se fondent pour établir cette distinction sur saint Robert Bellarmin :

« … les cardinaux, lorsqu’ils créent le pontife, exercent leur autorité non pas sur le pontife, puisqu’il ne l’est pas encore, mais sur la matière, c’est-à-dire sur la personne qu’ils disposent en quelque manière par l’élection, pour qu’elle reçoive de Dieu la forme du pontificat … (De Romano Pontifice, L. II, C. 30).

En effet, dans la papauté, comme dans le reste, on peut distinguer matière et forme, mais cela ne veut pas dire que l’une puisse exister sans l’autre. Il y a distinction, il n’y a pas séparation. Par exemple, une table est faite de bois mais celui-ci ne peut pas exister sans la forme de la table et s’il sans cette forme il n’est pas une table, il est autre chose [cf. S. Thomas d’Aquin, De principiis naturæ].

En philosophie, on fait la distinction entre matière première et matière seconde. Dans l’exemple de la table, seul le bois désigné pour construire une table devient la matière seconde d’une table, quand il recevra cette forme.

La matière première, avant d’être informée, est une pure puissance à l’être qu’elle reçoit par la forme, forma dat esse, la forme donne l’être [S. Thomas d’Aquin, De principiis naturae, I, 2 ; IV, 19 : « … forma dat esse materiae » ; « … forma est causa materiae, inquantum materia non habet esse in actu nisi per formam. » : « … la forme est cause de la matière, en ce que la matière n’a pas d’existence en acte en dehors de la forme. »]. « Materiam primam existere sine forma absolute repugnat » (Il est absolument impossible [il répugne absolument] que la matière puisse exister sans la forme) (V. Remer, Cosmologia, Vol. IV, p. 61, Roma, 1949) [la citation du Docteur Angélique dans son « De principiis naturæ » suffisait amplement].

On fait encore la distinction entre matière éloignée et matière prochaine ; la première est toute matière apte à recevoir une forme déterminée, la deuxième est la matière choisie pour la recevoir. Dans le cas d’une table, tout arbre est matière éloignée ; l’arbre choisi est matière prochaine.

Cela étant, il faut savoir que toute chose créée a quatre causes :

1° efficiente ;

2° formelle ;

3° matérielle ;

4° finale. [Cf. De principiis naturae, III, 14.]

Une table a comme cause efficiente un menuisier, comme cause formelle la forme de la table, comme cause matérielle le bois ou toute autre matière apte à recevoir cette forme, et comme cause finale son utilisation.

Bref, la cause efficiente (1) donne la forme (2) à la matière (3) en vue d’une fin (4).

 

Que l’une de ces quatre causes vienne à manquer et la table ne se réalisera pas.

S’il manque le menuisier, la table ne sera pas faite : la cause efficiente est absente. S’il ne donne pas forme au bois, la table n’existera pas : la cause formelle est absente. Si le menuisier n’a pas de bois, il ne pourra pas faire la table : la cause matérielle est absente. S’il n’a pas de fin, il ne la fera pas (« omnis agens agit propter finem » : « tout agent agit pour une fin », saint Thomas) : la cause finale est absente.

 

Dans le cas de la papauté, la cause efficiente est Dieu ; la cause formelle est l’autorité papale, que Dieu donne à l’élu du conclave dans le moment même de son acceptation (a) ; la cause matérielle est un homme catholique ; la cause finale est de « confirmer les frères dans la foi et paîtres les agneaux et les brebis », autrement dit l’enseignement et le gouvernement de l’Eglise.

S’il n’y a pas de pape, c’est que l’une de ces quatre causes manque.

La Cause Efficiente est Dieu Lui-même, les causes formelle et finale viennent de Dieu et donc ne peuvent pas manquer ; si donc il y avait une défaillance, elle ne saurait venir que de la cause matérielle. La matière éloignée, dans le cas du pape, comme on l’a vu, c’est un homme catholique.

Dans le cas de Jean-Paul II [et même de Benoît XVI qui lui succéda], et même de Paul VI [et même de Jean XXIII et de Jean-Paul Ier], on a eu l’élection du conclave (b) acceptée par l’élu. Donc le fait qu’il ne soit pas pape ne peut être dû qu’au défaut de matière apte à recevoir la forme de la papauté, c’est-à-dire un homme catholique.

On ne voit donc pas comment on peut concevoir qu’il soit pape matériellement quand c’est justement par défaut de matière qu’il n’est pas pape ; c’est-à-dire que la matière, désignée par le conclave n’est pas apte à recevoir la forme ou a perdu cette aptitude dans la suite. Il n’était même pas matière éloignée.

 

Pour mieux comprendre l’exemple, reprenons l’exemple de la table : un menuisier (Dieu) doit construire une table ; il commence d’abord par envoyer ses ouvriers (les cardinaux) dans la forêt (les hommes catholiques), pour choisir l’arbre convenable (l’élu du conclave) en taille et en essence, puis il lui impose, par ses outils, la forme d’une table (la papauté). Les arbres de la forêt sont la matière éloignée, c’est-à-dire dans notre cas, tout homme catholique ; l’arbre choisi est la matière prochaine, c’est-à-dire l’élu du conclave dont la forme est donnée par Dieu au moment de son acceptation. Cet arbre choisi, tant qu’il n’a pas reçu la forme, ne peut pas être considéré comme une table matériellement ni formellement : ainsi l’homme catholique, tant qu’il n’a pas reçu la forme de la papauté, ne peut pas être considéré comme pape, ni matériellement ni formellement. A fortiori, si l’homme choisi n’est pas catholique, il ne pourra pas recevoir la forme puisqu’il n’est pas matière apte à la recevoir, comme si les ouvriers choisissaient du feuillage pour faire la table.

 

Ceux qui soutiennent la thèse de Cassiciacum affirment, pour se justifier, que la papauté n’est pas une forme substantielle, c’est-à-dire qu’elle donne l’existence tout simplement, simpliciter, mais selon un certain aspect, secundum quid, accidentellement. Prenons un exemple : le fait d’être docteur est une forme accidentelle qui s’ajoute à l’homme, laquelle substance est composée de corps et d’âme. Tant que le doctorat ne lui a pas été attribué, on ne peut pas l’appeler par ce titre.

Dans le cas du pape, plusieurs formes accidentelles s’enchaînent ; l’être catholique est une forme accidentelle pour l’homme, forme nécessaire, bien sûr, pour pouvoir recevoir la forme accidentelle de la papauté. Si une personne est privée de cette forme accidentelle d’être catholique, elle n’est pas matière apte à recevoir la forme accidentelle de la papauté.

 

Cette doctrine philosophique semble être le support de ce que dit le pape Paul IV dans la Constitution Apostolique Cum ex Apostolus officio, déjà citée :

 

« Le même Pontife Romain, qui avant sa promotion à l’état de Cardinal ou à son élévation à l’état de Pontife Romain, aurait dévié de la foi catholique ou serait tombé dans quelque hérésie ou serait coupable de schisme ou l’aurait suscité, la promotion ou élévation serait nulle, non valide, et sans aucune valeur, même si elle s’est faite avec la concordance et le consentement unanime de tous les cardinaux. »

On répondra qu’ici Paul IV parle de l’état de l’élu avant l’élection et non pas d’un pape devenu hérétique après l’élection [notons bien qu’un pape en tant que tel ne peut pas être hérétique, et s’il l’est c’est qu’il n’est pas pape et qu’il ne l’a jamais été, car Dieu connaît toujours parfaitement ceux qu’il a choisis pour remplir cette suprême fonction]. Cela est vrai et confirmerait plutôt ce que nous avons expliqué, à savoir que, ni Montini, ni Wojtila n’ont été validement élus en raison de leurs hérésies manifestes, antérieures à leurs élections respectives [ce qui est également de Ratzinger/Benoît XVI].

 

Bien sûr, on peut dire qu’actuellement Jean-Paul II [comme son successeur Ratzinger/Benoît XVI] occupe le Siège de Pierre [et par conséquent non vacant] de façon indue, illégitimement, de facto [de fait] et non de droit, qu’il l’occupe physiquement, si l’on veut, mais il n’est pape en aucune manière, il usurpe le Siège.

 

Pour justifier la thèse de Cassiciacum, ceux qui la suivent utilisent encore l’analogie avec un mariage nul. Un mariage est invalide dès le début à cause d’un vice de forme ou d’un empêchement. Dès que les époux se rendent compte que leur mariage est invalide, ils peuvent recourir, en dernière instance, à la Sacra Rota (tribunal de la rote) et à partir de ce moment ils ne doivent plus vivre ensemble, même si le tribunal n’a pas encore reconnu leur mariage comme invalide. Pour pouvoir contracter un vrai mariage, il faut que le tribunal reconnaisse l’invalidité du précédent.

 

Les tenants de la thèse de Cassiciacum affirment que, semblablement, le pape a été élu officiellement, mais, tant que l’Église n’a pas reconnu l’invalidité de l’élection ou de l’hérésie, il faut le considérer comme légitime, même si ce dernier n’a pas l’autorité, comme les époux, qui sont officiellement mariés, même s’ils ne peuvent pas vivre ensemble.

La comparaison est astucieuse [« comparaison n’est pas raison » - formule bien connue], mais cela ne veut pas dire que deux personnes mariées invalidement soient mariées matériellement. Elles ne sont pas mariées du tout. Mais pour qu’elles puissent se marier véritablement, il faut un acte officiel qui reconnaisse cette invalidité. C’est exactement la même chose que nous disons à propose du pape avec le Chanoine Hervé.

« Alors (dans le cas d’hérésie du pape) [ce qui est contradictoire] le concile (l’Église) aurait seulement le droit de déclarer le siège vacant, afin que les électeurs habituels puissent procéder à l’élection » (Th. Dogm., Tome I, p. 495). En tout cas, l’Eglise et elle seule, et non pas quelques fidèles, prêtres, voire des évêques peuvent le faire. »

 

a)     « Le Pontife Romain, légitimement élu, aussitôt qu’il a accepté l’élection, reçoit, de droit divin, le plein pouvoir de juridiction suprême » (Code de Droit Canon, canon 219).

b)     Cette élection est très douteuse pour plusieurs raisons qui sont exposées qui sont exposées dans « L’Eglise éclipsée ? » [pour nous douteux signifie invalide, car dans le doute ne se réalise, – la vérité étant « ce qui est »]. A ce que nous avons déjà dit, ajoutons à propos de l’élection de Jean-Paul II, que si Paul VI n’était pas pape [et il ne l’était pas], il n’avait même pas l’autorité pour changer le nombre des cardinaux fixé par le pape Sixte V à soixante-dix, et d’exclure du nombre des électeurs les cardinaux de plus de quatre-vingt ans avec la lettre Octogesima adveniens, - chose en soi absurde et inconcevable. 

 

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