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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 20:56

 

Gaxotte (Pierre), de l'Académie française, La Révolution française, Arthème Fayard et Cie, 1928, chap. IV : La crise de l'autorité, page 77 :

 

On connaît la vie de Rousseau. Ancien laquais congédié pour vol, entretenu à seize ans par une maîtresse qui en avait trente et qui partageait ses faveurs entre lui et son jardinier, chassé par M. de Mably, qui l'avait engagé comme précepteur et dont il pillait la cave, amant d'une femme de charge, Thérèse Levasseur, avec qui il vivait chez une autre protectrice, Mme d'Épinay, persécuté imaginaire, à demi fou avant de l'être tout à fait, il est chéri, admiré par toute la haute société."

 

Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Dom Deschamp, 12 septembre 1762, Masson, II, 84 :

 

" Vous êtes bon de me tancer sur mes inexactitudes en fait de raisonnement. En êtes-vous à vous apercevoir que je vois très bien certains objets, mais que je ne sais point  comparer, que je suis assez fertile en propositions, sans jamais voir de conséquences [n'est-ce pas là un manque d'intelligence ?] ; qu'ordre et méthode qui sont vos dieux, sont mes furies ; que jamais rien ne s'offre à moi qu'isolé, et qu'au lieu de lier mes idées dans les lettres, j'use d'une charlatanerie de transitions, qui vous en impose tous les premiers, à tous vous autres grands philosophes ? C'est à cause de cela que je me suis mis à vous mépriser, voyant bien que je ne pouvais pas vous atteindre."

 

Jean-Jacques Rousseau, Dialogues, écrits entre 1772 et 1775, et où l'on voit Rousseau juge de Jean-Jacques, Deuxième Dialogue :

 

" Enflammé par la longue contemplation d'un objet, il fait parfois dans sa chambre de fortes et promptes résolutions qu'il oublie ou qu'il abandonne avant d'être arrivé dans la rue. Toute la vigueur de sa volonté s'épuise à résoudre ; et il n'en a plus pour exécuter."

 

ID., ibid. :

 

Jamais homme ne se conduisit moins sur des principes et des règles, et ne suivit plus aveuglément ses penchants. Prudence, raison, précaution, prévoyance, tout cela ne sont pour lui que des mots sans effet. Quand il est tenté, il succombe ; quand il ne l'est pas, il reste dans sa langueur."

 

ID., ibid. :

 

J'ai dit que Jean-Jacques n'était pas vertueux : notre homme ne le serait-il pas non plus ; et comment,faible et subjugué par ses penchants, pourrait-il l'être, n'ayant toujours pour guide que son propre cœur, jamais son devoir ni sa raison ? Comment la vertu, qui n'est que travail et combat, régnerait au sein de la mollesse et des doux loisirs ? Il serait bon, parce que la nature l'aurait fait tel ; Il ferait du bien, parce qu'il lui serait doux d'en faire : mais s'il s'agissait de combattre ses plus chers désirs et de déchirer son cœur pour emplir son devoir, le ferait-il aussi ? J'en doute. La loi de la nature, sa voix du moins, ne s'étend pas jusque-là."

 

ID., ibid. :

 

D'heureuses fictions lui tiennent lieu d'un bonheur réel ; et que dis-je ? lui seul est solidement heureux, puisque les biens terrestres peuvent à chaque instant échapper en mille manières à celui qui croit les tenir ; mais rien ne peut ôter les biens de l'imagination à quiconque sait en jouir ; il les possède sans risque et sans crainte." 

 

ID., Émile, l. IV (Prof. de foi) :

 

" Dans l'état d'abaissement où nous sommes durant cette vie, tous nos premiers penchants sont légitimes."

 

ID, ibid., l, V (Prof. de foi) :

 

" ... les idées générales et abstraites sont la source des plus grandes erreurs des hommes, jamais le jargon de la métaphysique n'a fait découvrir une seule vérité."

 

ID., Lettre à M. de Beaumont :

 

" Les premiers mouvements de la nature sont toujours droits."

 

ID., ibid., Premier Dialogue :

 

Tous les premiers mouvements de la nature sont bons et droits."

 

ID., Nouvelle Héloïse, Vpartie, lettre III :

 

" Il n'y a point d'erreur dans la nature."

 

ID., Discours sur l'origine de l'inégalité, Ire partie :

 

« ... j'ose presque assurer que l'état de réflexion est un état contre nature, et que l'homme qui médite est un animal dépravé [d'où l'on conclut qu'en ne méditant pas l'homme revient à ses origines et retrouve ainsi son état d'animal parfait]. » Quand on sait de source sûre que Jean-Jacques Rousseau était adulé par l'élite politique et mondaine de son temps et qu'il continue même à l'être de nos jours par l'éloge de ses écrits, de son style (a), de sa pensée politique et même philosophique, alors que les écrits de cet homme révèlent manifestement un déséquilibre moral et intellectuel notoire, on est bien obligé de conclure à la mort de l'intelligence de tous ceux et de toutes celles qui nous gouvernent et sont publiquement censés nous donner des leçons, alors qu’ils sont même incapables de nous dire ce qu’est la vérité.]

 

a) Cf. Antoine Albalat, La Formation du Style par l'Assimilation des Auteurs, Librairie Armand Colin, Paris, 1956, p. 11.

 

ID., Deuxième lettre à Sophie, Œuvres et correspondance inédites, éd. Streckeisen-Moulton, 1861 (Masson, II, p. 55) :

 

" ... le raisonnement, loin de nous éclairer, nous aveugle ; il n'élève point notre âme, il l'énerve et corrompt le jugement qu'il devrait perfectionner."

 

ID., IIet IVlettres à Sophie :

 

" Je veux parler à votre cœur, et je n'entreprends pas de discuter avec les philosophes. Ils auraient beau me prouver qu'ils ont raison, je sens qu'ils mentent, et je suis persuadé qu'ils le sentent aussi... Si vous sentez que j'ai raison, je n'en veux pas davantage."

 

ID., IIIlettre à Sophie (cf. également Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes,Ire partie) :

 

En philosophie, substance, âme, corps, éternité, mouvement, liberté, nécessité, contingence, etc., sont autant de mots qu'on est contraint d'employer à chaque instant et que personne n'a jamais conçus..."

 

ID., Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, IIpartie :

 

" L'exemple des sauvages qu'on a presque tous trouvés à ce point semble confirmer que le genre humain était fait pour y rester toujours, que cet état est la véritable jeunesse du monde, et que tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l'individu, et en effet vers la décrépitude de l'espèce."

 

Lettre de Voltaire à Rousseau relative au Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 30 août 1755 :

 

" J'ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain (...). On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes, il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage.[On ne peut pas mieux dire.]

 

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