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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 18:19

 

 

LE SECRET DE LA SALETTE ET LA VIE INTÉRIEURE DE SŒUR MARIE DE LA CROIX

 

(1/2)

 

 

La vie intérieure de Sœur Marie de la Croix, tertiaire de saint Dominique,

née Françoise Mélanie Calvat (07.11.1831 - 14.12.1904), Bergère

de La Salette (Isère), selon la traduction littérale de son

autobiographie italienne de Messine (1897).

 

 

Apocalypse, VII, 3 :

 

 

" Ne nuisez, dit un ange porteur du sceau du Dieu vivant, ni à la terre, ni à la mer, ni aux arbres,

que nous n'ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu."

 

 

Texte communiqué par l'abbé Gouin dans son ouvrage : Sœur Marie de la Croix, Bergère de La Salette, née Mélanie CALVAT, tertiaire de St Dominique, victime de Jésus, ouvrage revêtu du Nihil Obstat du Père Guérard des Lauriers, O. P., Editions Saint-Michel, 53 - Saint-Céneré, 1968 :

 

" Mélanie révéla son Secret quand le temps marqué fut venu, bien qu'elle sut qu'un pareil acte lui attirerait les colères de ceux qui, perdus de mœurs, étaient enchaînés au char de la secte maçonnique." L'Osservatore Romano, 25 décembre 1904. [Cf. L’extraordinaire SECRET de LA SALETTE, Louis de Boanergès, Éditions D.F.T., B.P. 28, 35370  ARGENTRÉ-DU-PLESSIS, Tél. 02 99 9678 54, Fax 02 99 96 62 64.]

 

 

Notice biographique sur l'abbé Gouin

 

 

" Né à PRÉCIGNÉ (Sarthe), diocèse du Mans, en 1885, l'abbé Paul GOUIN reçut la prêtrise le 5 juin 1909, Professeur au petit Séminaire de la FLÈCHE, il devint vicaire à SAINTE-COLOMBE de 1911 à 1914. Visitant sa paroisse, il constate une déchristianisation affligeante. Quelle en est la cause fondamentale ? Il pense que l'athéisme pratique qui se répand partout est dû au retrait des grâces divines qui rend l'apostolat stérile. Quelle en est la cause fondamentale ? Alerté par la lecture de " CELLE QUI PLEURE " de Léon BLOY, il pense que l'athéisme pratique qui se répand partout est dû au retrait des grâces divines qui rend l'apostolat stérile. Pourquoi ? On a refusé de pratiquer la RÈGLE DE l'ORDRE DE LA MÈRE DE DIEU, dictée le 19 septembre 1846 par la VIERGE sur la Montagne de La Salette.

" [...]

" En 1916, l'abbé GOUIN s'était rendu à DIOU (Allier) chez l'abbé COMBE qui avait eu MÉLANIE comme paroisienne dans les dernières années de sa vie. Après la mort du Curé de DIOU en 1927, l'abbé GOUIN collabore avec le chanoine THIERRY, professeur émérite de l'UNIVERSITÉ de LOUVAIN, qui a hérité des documents de l'abbé COMBE. Le chanoine THIERRY continue par ailleurs l'œuvre de MÈRE SAINT JEAN commencée à MARANVILLE (Haute-Marne), le Cardinal MERCIER lui ayant donné son approbation pour une fondation de l'ORDRE DE LA MÈRE DE DIEU à LOUVAIN. L'abbé GOUIN, d'abord curé de VERNIE, nommé à AVOISE en 1924, effectuera de nombreux voyages en BELGIQUE, et, en 1931, deviendra l'aumônier d'une petite communauté religieuse de l'ORDRE DE LA MÈRE DE DIEU, fondée en ANJOU à SAINT LAMBERT DU LATTAY par Mademoiselle Germaine BLANCHARD.

" [...] 

" La population d'AVOISE a rendu un hommage mérité à celui qu'elle a eu pour curé durant quarante cinq ans lors de ses obsèques le 13 décembre 1968. L'humilité et la discrétion de l'abbé GOUIN n'ont pas permis à beaucoup de prendre conscience exacte de son travail d'historien en faveur de la cause de La Salette, qu'un Monseigneur BEAUSSART et un R.P. GARRIGOU-LAGRANGE avaient apprécié à sa juste valeur.

F.C.

 

Introduction

 

 

" [...]

" La biographie de SŒUR MARIE DE LA CROIX, Bergère de La Salette, œuvre majeure de l'abbé Paul Gouin, curé d'Avoise (Sarthe), mort le 11 décembre 1968, réhabilite au regard de l'histoire la voyante de l'Apparition du 19 septembre 1846. Il n'a pas fallu moins de cinquante années de patiente recherches à l'auteur pour constituer une documentation unique, comprenant des manuscrits et quelque huit cents lettres autographes de la Bergère de La Salette. " J'incline à penser que Mélanie a conservé sa mission jusqu'à sa mort ", m'écrivait le R. P. Garrigou-Lagrange, le 1er septembre 1957.

" À la lecture de l'ouvrage, il est clair que l'objet de cette mission était la fondation de l'œuvre des " Apôtres des derniers temps ", prédits par saint Grignion de Montfort. Du temps même de la vie de la Bergère de La Salette, l'Église a approuvé la règle de l'ORDRE DE LA MÈRE DE DIEU pour cet institut missionnaire ; et Mgr ZOLA, le saint évêque de LECCE (ITALIE), a donné l'imprimatur au secret prophétique dont un paragraphe déclare :

 

" J'appelle les Apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de.Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d'eux-mêmes, dans la pauvreté et dans l'humilité, dans le mépris et le silence, dans l'oraison et dans la mortification, dans la chasteté et dans l'union avec DIEU, dans la souffrance et inconnus du monde. Il est temps qu'ils sortent et viennent éclairer la terre..."

 

" L'Association des ENFANTS DE N.-D. DE LA SALETTE rend hommage à Monsieur l'abbé GOUIN qui lui a légué un important témoignage en faveur de l'histoire réelle de La Salette.

 

En la fête de ST JOSEPH

 

BEAUPREAU, 19 MARS 1969.

 

F. Corteville,

 

Président de " l'Association des enfants de N.-D. de La Salette et de St Grignion de Montfort".

 

Pour servir à l'histoire de la Salette, Documents III, Nouvelles Editions Latines, Paris, 1966, N° 55, Lettre S. Marie de la Croix, née Calvat (Barnaud), de Messine (Italie), le 7 juillet 1898, à M. l'Abbé Roubaud, pages 65 :

 

" ... et je suis prête, avec la grâce divine, à certifier avec mon sang, que ce fut la Très Sainte Vierge qui me dicta cette sainte Règle [pour les Apôtres des derniers temps], parole par parole. Dieu sait que je ne mens pas, que ma rédaction est très vraie et que personne au monde n'y a ajouté ou retranché. J'ai en ma possession la Sainte Règle intègre, telle qu'elle sortit des lèvres très-pures de la Vierge immaculée, dont la langue parla, comme dit le Saint Esprit, la Loi de la clémence."

 

Journal de l'Abbé Combe, Dernières années de Sœur Marie de la Croix, Bergère de La Salette, ouvrage revêtu du Nihil Obstat du Père Guérard des Lauriers, O. P.,  Editions Saint-Michel, 1967, Réponse de S. Marie de la Croix aux questions de Mgr l'évêque de Castellamare, le 17 octobre 1876, page 148 :

 

" [...] Les Missionnaires qui sont actuellement sur la Sainte Montagne ne sont pas les Missionnaires tels que veut la Sainte-Vierge." [Ce qui, en l'année 2002, est malheureusement et désespérément plus vrai que jamais.]

 

Pour servir à l'histoire de la Salette, Documents II, ouv. cité plus haut, Résumé d'un entretien entre Mélanie de la Salette et Mère Saint-Jean, 22 janvier 1885, 14e Réponse de Mélanie, page 19 :

 

" L'esprit de la Salette peut se transporter. Et quand la crise sera passée, que l'heure sera venue, la Sainte Vierge saura bien ressusciter la Salette... faire son œuvre. Mais vous allez voir ce qui va arriver... malgré tout, ne doutez pas... Les paroles de la Sainte Vierge ne sont pas stériles comme celles des hommes... Son œuvre se fera..."

 

Id., Documents III, N° 46, Lettre à un ami tenté d'incrédulité, page 49 :

 

" [...] Et pourquoi tant de science acquise, pour ne rien savoir ? Mon Dieu, augmentez ma foi ! Quand même nous aurions découvert les plus grandes horreurs dans le plus haut clergé et mille intrigues scandaleuses, etc., les hommes ne sont pas la religion : croyons en Dieu et aux vérités révélées par les Prophètes et l'Évangile."

 

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UNE MISE EN GARDE

 

Que ceux qui suivent la position de l’abbé Francesco RICOSSA contre le Secret de La Salette et contre la perspective prophétique de l’Apocalypse prennent bien conscience de leur apostasie et sauvent leur âme en revenant de toute urgence à résipiscence !

 

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PREMIÈRE PARTIE

UNE ENFANCE CRUCIFIÉE

Témoignage de Sœur Marie de la Croix, Bergère de La Salette.

 

LE BAISER DE SAINT-ROCH

 

" Le soir de l'Apparition (19 septembre 1846), Mélanie et Maximin, redescendant de la montagne, ramenèrent leurs troupeaux chez leurs maîtres respectifs. Mélanie, comme à son ordinaire, restait silencieuse. Maximin était très surexcité. Petit garçon de dix ans, expansif et bavard, étourdi, sensible, il ne se tenait pas de raconter ce qu'il avait vu et entendu. Il avait d'abord en grand-peur et, son chapeau sur la tête, empoignant son bâton, il avait essayé de lancer des pierres sur les pieds de la " Dame " (1). Mélanie, dès les premières paroles de la suave et miséricordieuse voix, avait " volé vers elle " ; et elle s'était tenue si près de l'apparition que, - s'il faut en croire une confidence échappée plus tard et recueillie dans le petit carnet de la Mère de Maximy - elle aurait pu, tout en écoutant son discours, baiser la main de la Très Sainte Vierge.

" Néanmoins, c'est elle qui se tait, et c'est Maximin qui parle... Ne trouvant pas tout de suite son maître (Pierre Selme, un ami de son père, à qui il avait demandé Maximin pour remplacer quelques jours un berger malade), il se précipite chez les patrons de Mélanie. Elle, pendant ce temps, elle est entrée à l'étable derrière ses vaches ; elle les attache avec soin, met tout en ordre sans hâte ; et, quand sa maîtresse, en larmes d'avoir entendu le récit de Maximin, vient lui dire : " Pourquoi, mon enfant, pourquoi ne venez-vous pas me dire ce qui vous est arrivé sur la montagne ? ", elle répondit : " Je voulais bien vous le dire, mais je voulais finir mon ouvrage auparavant."

" ... D'abord son devoir quotidien... étrange, un peu troublante attitude - semble-t-il - au soir d'un tel événement. Ne l'a-t-il pas surprise ? Elle paraît aussi tranquille que Maximin est ému. Cette fille qui va sur ses quinze ans, mais ne sait pas encore lire et ne sera pas admise à la première communion cette année, est-ce qu'elle ne comprend pas ce qui lui arrive et quelle mission désormais lui incombe ? Son mutisme, sa lenteur, est-ce indifférence ou recueillement ?

" ... Mystère...

" Oui, c'est un mystère.

" Mais la clef en est donnée par Mélanie elle-même dans les autobiographies de son enfance. Leur dernier épisode, à lui seul, peut tout éclairer. Depuis quelques mois, depuis le printemps dernier, Mélanie est élevée à l'un des plus hauts degrés de la contemplation infuse. Elle vit la vie d'union divine. Elle respire et se meut spirituellement dans une atmosphère où le fait miraculeux de l'Apparition, pour frappant qu'il soit, n'a rien de surprenant ; et, si elle demeure impassible, c'est qu'elle a déjà reçu les communications de la Seule et Suprême Réalité.

" Elle était toute petite quand elle commença d'être instruite, guidée par un bel enfant qui se dit son frère et l'appelle " Ma Sœur, sœur selon mon cœur ". Tout ce qu'elle sait de Dieu et de toutes choses, elle le tient de lui. Il est son Maître et son Ami. Dès le premier jour où il lui a parlé, elle lui a demandé de lui donner un baiser. Il a répondu que ce n'était pas encore l'heure.

" Un soir du printemps dernier, cette heure est venue.

" Le baiser mystique a été donné, reçu.

" Mélanie était alors, dans un intervalle de ses mises en service (car elle fut placée comme bergère et servante avant sept ans), chez ses parents à Corps. Corps est un petit chef-lieu de canton de l'Isère, sur la route de Grenoble à Gap. A quelque distance du bourg se trouve une chapelle rustique qui, dans la belle saison, est un agréable but de promenade : la chapelle Saint-Roch. Petite rotonde à deux étroites fenêtres, surmontée d'un petit campanile, elle domine, du haut d'un monticule verdoyant, un lac profond et limpide. De là, on voit Corps, au bord du plateau, au pied des hautes montagnes dont la chaîne, par échelons, s'élève jusqu'aux cimes neigeuses. Le site est ravissant.

" Il a servi de cadre à l'ultime et le plus décisif épisode de l'enfance de Mélanie.

" Il n'y a qu'à la laisser parler.

" " Une fois, la mère Julie dit à ses enfants (2) : " Enfants, allez tous vous amuser dehors ; je veux rester seule à la maison. Allez à Saint-Roch ". Je fus donc [ici, c'est Mélanie qui parle] avec eux (ses frères et sœurs) jusqu'à la chapelle de Saint-Roch. Puis ils me dirent : " Veux-tu t'amuser ? " Je répondis que je ne savais pas faire cela. Alors ils descendirent sur les pentes du petit monticule sur lequel se trouve la chapelle Saint-Roch pour s'amuser et je restais seule. Je m'amusais à regarder la statue de Saint-Roch par les deux petites fenêtres et je priais ce bon saint de m'obtenir de mon Bon Dieu la guérison de mon âme, pour que je ne fasse plus jamais de peine à mon Bien aimé Jésus-Christ, ni à sa Mère... Je la vois toujours fâchée contre moi, et cela me fait souffrir. Et je dis cinq Gloria Patri à Notre Seigneur pour les grâces qu'il avait faites à ce saint.

 

" Et voici que j'entendis la douce, la suave, la consolante voix de mon très aimé et bon petit Frère m'appelant " Ma chère Sœur, sœur de mon cœur, je suis à vous ". Vite, je me retournais ; mon cœur sautait de joie. C'était bien mon si désiré Frère avec son angélique figure et ses yeux emparadisés [sic]." Il [son Frère, car ici c'est l'abbé Gouin qui reprend son texte] lui dit : " Aussitôt que le Très-Haut m'a dit de venir me recréer avec vous, après votre victoire (3), je suis venu, Sœur de mon cœur ". ... tout humble, tout ignorante, elle [Mélanie] ne comprend pas ce que c'est que cette victoire. Avec patience, son Frère lui explique qu'à Saint-Michel et à Quet elle a été victorieuse. A présent elle sait combattre. Et il lui annonce des contradictions et d'autres combats pour la Vérité. Alors, elle lui rappelle sa promesse que, quand il serait l'heure, elle pourrait lui donner un baiser. L'heure est venue en effet.

" " Avec un doux sourire, il me dit que ce n'était pas moi qui lui donnerait un baiser, mais que ce sera lui. - Oh ! vite, dépêchons-nous, mon bon Frère, pour l'amour de notre bien-aimé Jésus-Christ ! - Il me donna un baiser sur le front, sur les lèvres et sur la poitrine. Il me bénit et s'en alla."

" Ses frères et sœurs viennent la reprendre ; tous rentrent à la maison. Sa mère est fâchée de ce qu'elle ne s'est pas amusée avec les autres. Cette sauvage, cette taciturne, toujours à part des autres est décidément impossible. Le père a beau vouloir la garder à la maison, il va falloir la replacer en service, dès que cela se trouvera. L'occasion se présentera bientôt : et elle sera placée aux Ablandins, commune de La Salette.

" Là s'arrête la plus développée des autobiographies de Mélanie (celle de 1900). Pourquoi ? Pourquoi la Bergère ne raconte-t-elle que les quatorze premières années de sa vie ? Une vie dit-on ? Est-ce là une vie ? Oui, ce dernier épisode le fait comprendre : c'est toute une vie ; sur le plan surnaturel une vie complète : la narratrice n'a plus rien à dire. Si elle a fait jusque là - et jusque là seulement - le récit de son enfance, ce n'est que pour nous persuader de l'accompagner dans les voies des leçons divines et nous préparer à l'apparition. Même les anecdotes parfois humoristiques n'y ont de place et de sens que parce qu'elles servent comme de marchepied aux enseignements mystiques et que, mêlant le réalisme le plus terre à terre à la réalité spirituelle la plus haute, elles nous inclinent à voir la vie humaine ensemble sous ses deux faces. Ce baiser qu'elle vient de recevoir à Saint-Roch, ce n'est pas un commencement des communications divines, c'en est la consécration. Depuis sa petite enfance, introduite dans la vie de grâce, illuminée par la Vérité même ; purifiée par les  épreuves de sa dernière et si dure année de service, tout imprégnée de l'esprit de Jésus-Christ et de Jésus-Christ crucifiée ; offerte par Lui et avec Lui en victime, elle est entrée dans l'union divine, elle accède au mariage spirituel.

" Mais c'est encore à ses écrits à en témoigner. Dans l'autobiographie italienne, Mélanie a noté, pour le chanoine Annibale di Francia, les expériences de sa vie intérieure. Expérience, c'est le mot. Elle n'a appris à lire que plus tard, on le sait ; et, même plus tard, elle a peu lu et n'a rien pu emprunter à des auteurs qu'elle ne connaît pas. " Je n'ai point lu les choses mystiques ", écrira-t-elle à l'abbé Combe, le 12 février 1900. Elle ne les a point lues. Elle les a vécues. Et cela vient de loin. Dès son réveil, dans les bois - après un songe initiateur - quand déjà de sa propre personne, il lui semble qu'il ne reste plus qu'une petite flamme de désir de plaire à son Bien-Aimé, - elle ne se souvient plus que, comme en un éclair, elle se trouva dans la solitude d'un profond recueillement...

" Et je vis d'une manière imaginative, Notre Divin Sauveur qui se communique à mon âme en un mode que je ne sais pas exprimer. Mes sens ne fonctionnaient en aucune façon, il me semblait qu'ils étaient prisonniers d'amour... Ces communications du Tout-Puissant à l'âme se font sans proférer une parole... et plus les flèches enflammées du divin amour embrasent l'âme, plus elles y allument, et dans le même instant, l'amour passionné des souffrances... de telle sorte que je ne savais pas, entre ces deux amours, quel était le plus fort..." [On retrouve là les explications de sainte Thérèse d'Avila, la Mère des spirituels, et de saint Jean de la Croix, le Docteur Mystique.]

" C'est une première touche.

" Un peu plus loin, lorsque après sa maladie d'enfant, elle a de longues heures immobiles et silencieuses pour se laisser envahir par ces recueillements profonds où se dévoilent à elle les mystères divins, elle perçoit un autre monde, supérieur encore, de communications mystiques. " Je fus en un instant, dit-elle, possédée tout entière ; l'intelligence fut comme ouverte, pénétrée, élevée, fixée dans la lumière éternelle."

" " Je ne sais pas expliquer ce mode de communication faite à mon âme ; mais je sais, ajoute-t-elle, que les communications que le Seigneur des Miséricordes m'a faites, malgré l'abîme de mes infidélités, sont de trois sortes ou manières différentes." Et suspendant alors son récit proprement dit, elle décrit, l'un après l'autre, les trois modes de ses communications mystiques. Il faut ici la suivre mot à mot (4).

" I. - Les apparitions de mon Frère m'attiraient à aimer Jésus-Christ, les souffrances, l'uniformité aux vouloirs du Dieu Souverain, elles m'inspiraient l'amour des ennemis, la sainte crainte d'offenser Dieu, la rectitude d'intention, la connaissance de mon néant, le détachement de soi-même et de toutes les choses transitoires pour le pur amour du Dieu béni. Je dois dire encore que, comme j'étais très ignorante, en toutes choses de Dieu et de l'Univers, mon aimable Frère voulut se faire mon Maître ; il m'instruisait, me corrigeait, souvent il me grondait doucement, puis m'encourageait par la confiance en l'Éternelle miséricorde de Dieu et dans les mérites de la Passion de Jésus-Christ, notre doux Sauveur. Les apparitions de mon très amoureux Jésus, fou d'amour pour ses créatures, produisaient les mêmes effets. L'amour que mon cher Jésus infusait à mon cœur augmentait toujours plus, et plus je m'anéantissait, plus augmentait en moi le désir de souffrir pour mon très aimé Jésus crucifié ; il me semblait que plus je contemplais la beauté majestueuse et royale de l'aimable Amant de mon cœur, plus je descendais dans ma bassesse ; et j'avais horreur de moi-même à cause des multiples souillures que je découvrais dans mon âme.

" Après les Apparitions (je dis Apparitions parce que je voyais avec les yeux du corps, j'ignore si tous les chrétiens voient ainsi), je restais consolée, fortifiée, confiante et pleine de bonne volonté pour aimer toujours plus mon Créateur, Sauveur et Conservateur, pour souffrir toujours plus et éviter toute ombre de péché.

" II. - Maintenant je parlerai du second mode selon lequel Dieu se communiquait à mon âme.

" Faisant oraison, sans que je puisse rien prévoir, en un instant (et je ne sais si c'est les yeux ouverts ou fermés), je me trouvais en présence de mon Frère, ou de la Vierge Marie - le chef-d'œuvre de la Très Sainte Trinité - ou de Jésus crucifié. La Parole (proférée sans paroles) de cette vision , comme celle aussi des communications imaginatives, il me paraît qu'elle frappe son empreinte, pour ainsi dire, sur l'âme ; et, tandis qu'elle l'illumine, elle y allume le feu de l'amour divin, la purifie, la dépouille entièrement d'elle-même et, sans violence, incline sa volonté à la sienne. Mais ceci est peu : on dirait que notre volonté a perdu son vouloir et son non-vouloir, qu'elle est tout étroitement unie à Celle de son Souverain Bien et fondue en Elle ; si bien qu'il semble que l'âme ait le vouloir même de Dieu, qu'elle ne puisse rien vouloir d'autre que ce que veut le Dieu béni, qu'elle aime avec cette volonté de Dieu, laquelle demeure stable et permanente cependant que - grâce toute gratuite - l'âme est soutenue par sa miséricordieuse puissance.

" Il me paraît qu'en cet état la foi est d'un grand secours pour aider l'âme à désirer d'un ardent désir de perdre sa volonté propre afin de s'uniformiser totalement au bon plaisir de Dieu qu'elle voit être très juste et très aimant. L'âme, en cet état, est comme fixée en Dieu qu'elle aime d'un brûlant amour et elle voit (sans les yeux du corps) la grandeur, la beauté, la bonté, la puissance de ce Dieu incréé qui, immuable en soi, opère continuellement et fait des choses si merveilleuses dans les pâmes de ses créatures. Je ne sais pas exprimer les finesses des opérations du Divin amour dans l'âme. Je sais que cet amour se rend maître du cœur, que l'union avec l'Epoux divin est faite, que l'âme chemine avec son amoureux Jésus, dans la crainte, tremblant toujours de l'offenser, de faire la moindre chose qui déplaise à son Bien-Aimé ; quant à ce qui est d'elle-même, elle connaît sa faiblesse et l'abîme de ses misères, et elle est parfaitement convaincue que d'elle-même, elle serait absolument incapable de faire aucun bien qui puisse mériter pour la vie éternelle ; et elle sait que si elle fait un acte d'amour, si elle désire l'amour, la souffrance, le martyre et la mort des martyrs, les mépris, etc., elle sait que tout est grâce, tout est œuvre de la grande miséricorde de son cher Jésus Crucifié qu'elle aime de tout son cœur, de toutes ses forces.

" Ainsi soit-il.

" III. - Troisième état.

" En cet état, la miséricorde de notre Très aimable Jésus se communique à l'âme sans images : il me paraît que cela se fait par le moyen de l'intelligence : je ne sais pas, et sais encore moins l'exprimer. Voici comme je comprends et comme j'ai expérimenté la chose : la douce, l'harmonieuse, la suave, l'amoureuse, puissante et pénétrante voix de mon amoureux Jésus, Roi de mon cœur, me disait : " Ma sœur, puis-je librement disposer de vous comme il me plaît ? " Cette voix est une voix, mais tout intérieure ; c'est une voix qui s'imprime dans l'âme et laisse dans l'esprit la conviction vive, forte, irrévocable, qu'elle est la voix de Dieu béni. Et il me semble aussi que la voix de mon Très Haut et Souverain Bien est une voix opérative [sic] qui, en proférant sa Parole, fait son admirable travail, tout doucement, dans l'âme, dont les trois puissances [la mémoire, l'intelligence et la volonté] en un éclair, se trouvent illuminées... Divers sont les effets produits sur l'âme par ces communications ; mais toujours l'âme, éclairée de la grande Lumière de la Majesté incréée, descend dans l'abîme de son néant et voit son incorrespondance [sic] à la Divine grâce ; mais elle n'est pas découragée, parce qu'elle est remplie de confiance dans la miséricorde de son Dieu qu'elle aime tendrement et fortement de tout son pouvoir.

" Il peut sembler qu'en cet état on n'ait plus faire d'actes de foi. Il n'en est pas ainsi pour moi : me voyant impuissante à correspondre à tant de bienfaits, je disais bien des fois : " Mon cher Bien, je vous crois, je crois à vous, je crois en vous ; Bonté infinie, Dieu de mon cœur, vie de ma vie, je vous aime."

" On peut encore faire des actes de douleur pour les offenses faites à sa Majesté, et l'espérance d'obtenir leur total pardon par les mérites de Jésus-Christ ; et l'âme voit que Dieu Très Haut se complaît beaucoup en cette humilité de l'âme.

" Plus d'une fois, j'avais donné mon entière volonté à mon cher Jésus ; et aussi n'a-t-il jamais cessé, dans ses communications de me la redemander, si bien que chaque fois je restais affligée ; et de nouveau je lui donnais, totalement, ma volonté, de sorte que je n'eus plus d'autre vouloir que son cher vouloir. Alors, je vis que la grande Lumière qui me pénétrait élargissait mon intelligence, que le Dieu des miséricordes attachait mon cœur à son cœur enflammé et que, par ses douceurs attirantes et secrètes, Il tirait à Lui mon âme, et sans contrainte, fléchissait son libre arbitre sous l'appel divin. Et je compris que je devais Lui donner ma volonté, non seulement dans l'obéissance aux commandements extérieurs ; mon esprit devait se courber sous la persuasion que ce sont bien là les vouloirs du Dieu béni. L'œil de la foi montre et fait voir, toujours, Dieu en toutes choses, dans tous les événements, dans toutes les vicissitudes de la terre.

" Dans ce troisième état, la Divine Miséricorde se fait voir clairement et converse amoureusement avec l'âme, l'instruit, l'invite à aimer plus parfaitement, plus généreusement, et mieux selon la vérité du pur amour.

" En ces communications intuitives, l'âme contracte la plus étroite union avec son Bien-Aimé Souverain Bien ; et il semble que rien ne l'en peut séparer.

" Le raisonnement est impuissant à faire quoi que ce soit pendant que la communication a lieu, le cœur paraît vouloir sortir au large tant il bat, saute. Je ne sais dire comment va la chose, mais une fois que l'âme est pleinement possédée par mon très aimant Jésus, il semble qu'elle s'en va à travers l'espace, qu'elle voit, qu'elle entend le chant des Anges, qu'elle voit dans les lointains pays et connaît les pensées des personnes.

" Elle sent dans le fond du cœur une crainte amoureuse de donner le plus minime déplaisir à son Dieu.

" Jamais elle ne le perd de vue ; et il semble que l'âme soit si étroitement unie à son Dieu qu'elle n'est plus capable de penser, d'agir elle seule, et qu'en tout elle soit dépendante du vouloir et du bon plaisir de ce Dieu béni.

" Ainsi les sens enchantés perdent leurs opérations, et l'âme est comme en agonie de l'ivresse du divin amour où elle trouve son unique repos. Mais l'amour, cet amour insatiable, lui, n'est pas oisif : se faisant toujours plus connaître il appelle l'âme à plus aimer ; et l'âme sans violence, sans être forcée, court, court et court se jeter dans le sein de son amoureux et bien-aimé Jésus, sans cesser de prier et de désirer la consommation de l'éternelle union, car, sachant sa fragilité, elle craint, d'une sainte crainte, d'offenser et de perdre son Aimé.

" Je voudrais que tous les gens connussent l'amour que Dieu a pour ses créatures, à tous je voudrais prêcher l'amour que Dieu a pour ses créatures, à tous je voudrais dire la faim que Dieu a du salut des hommes, et combien, pour l'amour de nous, a souffert le très amoureux Jésus. Mais tout ce que je dis est inutiles, parce qu'on sait que l'âme que Dieu, en sa divine miséricorde, a introduite dans cette chambre secrète ou plutôt dans cette fournaise d'amour, n'a d'autre désir que de parler de ce trésor, trouvé après le total dépouillement d'elle-même et son active purification.

" Il se peut que des personnes n'aient plus à souffrir en ce troisième état du désir toujours inassouvi d'aimer toujours plus le divin Maître. Moi, ignorante comme je suis, ce n'est pas à moi à parler des différents degrés du Divin amour ni des admirables effets qu'il produit dans l'âme. Tout dépend de la fidèle correspondance aux appels et aux opérations de Dieu.

" En ce troisième état, tout d'amour, tout d'union, tout de complaisance, je désirais beaucoup aimer mon Dieu, et ma peine était grande parce que je croyais être la seule créature qui refusait l'amour dû à mon Amant Jésus. Et je désirais toujours plus ardemment la souffrance pour m'unir à mon Sauveur Jésus crucifié. Toutefois, je sentais dans l'intime de moi-même que j'aimais mon Jésus et qu'il m'aimait ; mais la peur me vint d'être trompée; illusionnée. La première fois que je revis mon amoureux Jésus en une vision intellectuelle, je me signais du signe de la sainte Croix, et je dis : " Au nom de Jésus-Christ, mort pour le genre humain et ressuscité vivant par sa propre vertu, fuyez de ma présence, parce que je suis sa propriété, toute composée d'amour !" Mon Jésus se complut à mon humble crainte et me dit : " Sœur de mon cœur, ne craignez pas, je suis la vérité et la vie, et je ne permettrai jamais que puisse vous nuire l'infernal ennemi. Soyez humblement fidèle aux appels divins : observez bien mes commandements." ... J'aimai... et il me semblait que le divin et éternel amour fût l'unique objet de ma vie de mon être...

" En cet état, les manifestations sont plus claires, plus convaincantes, et en quelque sorte les voies de Dieu se montrent ; et bien que le vieux serpent pour tromper, imite et singe les apparitions des saints et même de Jésus-Christ, il ne peut tromper l'âme en union avec Jésus, l'âme humble et craintive.

" Seule, sans guide humain, parmi le monde corrompu et dans des circonstances scabreuses, mon Frère, tout amoureux et plein de miséricorde, voulut me préserver des périls et me faire, gratuitement, le don de la connaissance des cœurs, de la distinction entre le vrai et le faux - cela s'entend quand Dieu le permet.

" Je me suis expliquée comme j'ai pu, et il me semble que c'est assez."

  1. Mlle des Brûlais : note du 12 septembre 1849. Maximin accusé par Mélanie de mauvaise tenue en présence de la Sainte Vierge.
  2. Sa mère, ses frères et ses sœurs.
  3. Saint-Michel et Quet-en-Beaumont, les deux villages où elle vient d'être en service l'année 1845. Elle eut à souffrir beaucoup et à lutter pour coucher seule, etc. Elle nomme cette année la Bonne année ou année de Grâces.
  4. Traduction littérale des pages de l'autobiographie italienne de Messine (1897).

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L'APPARITION DE LA TRÈS SAINTE VIERGE

SUR LA MONTAGNE DE LA SALETTE AVEC

SON MESSAGE TOUT ENTIER, SELON

LE TÉMOIGNAGE DE MÉLANIE

Le 19 septembre 1846 à midi

Avec permission de l'Ordinaire

LECCE

 

 

Notre-Dame de La Salette :

" Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple."

 

 

I

 

 

" Le 18 septembre [1846], veille de la sainte Apparition de la Sainte Vierge, j'étais seule, comme à mon ordinaire, à garder les quatre vaches de mes Maîtres. Vers les 11 heures du matin, je vis venir auprès de moi un petit garçon, à cette vue, je m'effrayai, parce qu'il me semblait que tout le monde devait savoir que je fuyais toutes sortes de compagnies. Cet enfant s'approcha de moi et me dit : " Petite, je viens avec toi, je suis aussi de Corps ". A ces paroles, mon mauvais naturel se fit bientôt voir, et, faisant quelques pas en arrière, je lui dis : " Je ne veux personne, je veux rester seule ". Puis, je m'éloignais, mais cet enfant me suivait en me disant : " Va, laisse-moi avec toi, mon Maître m'a dit de venir garder mes vaches avec les tiennes ; je suis de Corps ".

" Moi je m'éloignai de lui, en lui faisant signe que je ne voulais personne ; et après m'être éloignée, je m'assis sur le gazon. Là, je faisais ma conversation avec les petites fleurs du Bon Dieu.

" Un moment après, je regarde derrière moi, et je trouve Maximin assis tout près de moi. Il me dit aussitôt : " Garde-moi, je serai bien sage ". Mais mon mauvais naturel n'entendit pas raison. Je me relève avec précipitation, et je m'enfuis un peu plus rien sans rien lui dire, et je me remis à jouer avec les fleurs du Bon Dieu.

" Maximin ne tarda pas à rompre le silence, il se mit à rire (je crois qu'il se moquait de moi) ; je le regarde, et il me dit : "Amusons-nous, faisons un jeu ". Je ne lui répondis rien, car j'étais si ignorante, que je ne comprenais rien au jeu avec une autre personne, ayant toujours été seule. Je m'amusais seule avec les fleurs, et Maximin s'approchant tout à fait de moi, ne faisait que rire en me disant que les fleurs n'avaient pas d'oreilles pour m'entendre, et que nous devions jouer ensemble. Mais je n'avais aucun inclination pour le jeu qu'il me disait de faire. Cependant je me mis à lui parler, et il me dit que les dix jours qu'il devait passer avec son Maître allaient bientôt finir, et qu'ensuite il s'en irait à Corps chez son père, etc.

" Tandis qu'il me parlait, la cloche de La Salette se fit entendre, c'était l'Angelus ; je fis signe à Maximin d'élever son âme à Dieu. Il se découvrit la tête et garda un moment le silence. Ensuite, je lui dit : " Veux-tu dîner ? - Oui, me dit-il. Allons." Nous nous assîmes ; je sortis de mon sac les provisions que m'avaient données mes Maîtres, et, selon mon habitude, avant d'entamer mon petit pain rond, avec la pointe de mon couteau je fis une croix sur mon pain, et au milieu un tout petit trou, en disant : " Si le diable y est, qu'il en sorte, et si le Bon Dieu y est qu'il y reste ", et vite, vite, je recouvris le petit trou. Maximin partit d'un grand éclat de rire et donna un coup de pied à mon pain, qui s'échappa de mes mains, roula jusqu'au bas de la montagne et se perdit.

" J'avais un autre morceau de pain, nous le mangeâmes ensemble ; ensuite nous fîmes un jeu ; puis comprenant que Maximin devait avoir besoin de manger, je lui indiquai un endroit de la montagne couvert de petits fruits. Je l'engageai à aller en manger, ce qu'il fit aussitôt ; il en mangea et en rapporta plein son chapeau. Le soir nous descendîmes ensemble de la montagne, et nous nous promîmes de revenir garder nos vaches ensemble.

" Le lendemain, 19 septembre, je me retrouve en chemin avec Maximin ; nous gravissons ensemble la montagne. Je trouvais que Maximin était très bon, très simple, et que volontiers, il parlait de ce dont je voulais parler ; il était aussi très souple, ne tenant pas à son sentiment ; il était seulement un peu curieux, car quand je m'éloignais de lui, dès qu'il me voyait arrêtée, il accourait vite pour voir ce que je faisais, et entendre ce que je disais avec les fleurs du Bon Dieu ; et s'il n'arrivait pas à temps, il me demandait ce que j'avais dit. Maximin me dit de lui apprendre un jeu. La matinée était déjà avancée : je lui dis de ramasser des fleurs pour faire le " Paradis ".

" Nous nous mîmes tous les deux à l'ouvrage ; nous eûmes bientôt une quantité de fleurs de diverses couleurs. L'Angelus du village se fit entendre, car le ciel était beau, il n'y avait pas de nuages. Après avoir dit au Bon Dieu ce que nous savions, je dis à Maximin que nous devions conduire nos vaches sur un petit plateau près du petit ravin, où il y aurait des pierres pour bâtir le " Paradis ". Nous conduisîmes nos vaches au lieu désigné, et ensuite nous prîmes notre petit repas ; puis nous nous mîmes à porter des pierres et à construire notre petite maison, qui consistait en un rez-de-chaussée, qui soi-disant était notre habitation, puis un étage au-dessus qui était selon nous le " Paradis ".

" Cet étage était tout garni de fleurs de différentes couleurs, avec des couronnes suspendues par des tiges de fleurs. Ce "Paradis" était couvert par une seule et large pierre que nous avions recouvertes de fleurs ; nous avions aussi suspendu des couronnes tout autour. Le " Paradis " terminé, nous le regardions ; le sommeil nous vint ; nous nous endormîmes sur le gazon.

" La Belle Dame s'assied sur notre " Paradis " sans le faire crouler.

 

II

 

" M'étant réveillée, et ne voyant pas nos vaches, j'appelai Maximin et je gravis le petit monticule. De là, ayant vu que nos vaches étaient couchées tranquillement, je redescendis et Maximin montait, quand tout à coup je vis une belle lumière, plus brillante que le soleil, et à peine ai-je pu dire ces paroles : " Maximin, vois-tu, là-bas ? Ah ! mon Dieu ! " En même temps je laisse tomber le bâton que j'avais en main. Je ne sais ce qui se passait en moi de délicieux dans ce moment, mais je me sentais attirer, je me sentais un grand respect plein d'amour, et mon cœur aurait voulu courir plus vite que moi.

" Je regardais bien fortement cette lumière qui était immobile, et comme si elle fût ouverte, j'aperçus une autre lumière bien plus brillante et qui était en mouvement, et dans cette lumière une très belle Dame assise sur notre " Paradis ", ayant la tête dans ses mains. Cette belle Dame s'est levée, elle a croisé médiocrement ses bras en nous regardant et nous a dit :

 

"Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur ; je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle."

 

Ces douces et suaves paroles me firent voler jusqu'à elle, et mon cœur aurait voulu se coller à elle pour toujours. Arrivée bien près de la belle Dame, devant elle, à sa droite, elle commence le discours, et des larmes commencent aussi à couler de ses beaux yeux :

 

 " Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils. Elle est si lourde et si pesante, que je ne puis plus la retenir. 

" Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. Et pour vous autres, vous n'en faites pas cas. Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous autres.

" Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservée le septième, et on ne veut pas me l'accorder. C'est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils.

" Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas parler sans y mettre le Nom de mon Fils au milieu. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils.

" Si la récolte se gâte, ce n'est qu'à cause de vous autres.

" Je vous l'ai fait voir l'année passée par les pommes de terre ; vous n'en avez pas fait cas ; c'est au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, et vous mettiez le Nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter, à la Noël il n'y en aura plus."

 

" Ici je cherchais à interpréter la parole : pommes de terre ; je croyais comprendre que cela signifiait pommes. La belle et bonne Dame devinant ma pensée reprit ainsi :

 

La traduction en français est celle-ci :

 

" Si la récolte se gâte, ce n'est rien que pour vous autres ; je vous l'ai fait voir l'année passée par les pommes de terre, et vous n'en avez pas fait cas ; c'était au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, et vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter, et, à la Noël, il n'y en aura plus.

" Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer.

" Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront ; et ce qui viendra, tombera tout en poussière quand vous le battrez, les petits enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront ; les autres feront pénitence par la faim. Les noix deviendront mauvaises ; les raisins pourriront."

 

" Ici, la belle Dame qui me ravissait, resta un moment sans se faire entendre ; je voyais cependant qu'elle continuait, comme si elle parlait, de remuer gracieusement ses aimables lèvres. Maximin recevait alors son secret. Puis, s'adressant à moi, la Très Sainte Vierge me parla et me donna un secret en français. Ce secret, le voici tout entier, et tel qu'elle me l'a donné :

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LE SECRET DE LA SALETTE (2/2) - Le Présent éternel

 

 

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